Polina, danser sa vie

L’épopée russe

Deux mois après le documentaire Relève : Histoire d’une création de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, voici un nouveau film mené en duo, autour de la danse, de la création et d’un chorégraphe de renom. Cette fois-ci, c’est une fiction, et le créateur Angelin Preljocaj est aux commandes avec son épouse réalisatrice Valérie Müller, qui signe aussi le scénario de cette adaptation libre de la bande dessinée de Bastien Vivès, Polina, parue en 2011. Le couple a rajouté au titre Danser sa vie, manifeste qui définit le rapport essentiel du chorégraphe à son art. En prenant des libertés narratives avec le matériau initial, les auteurs font leur le parcours de cette jeune danseuse russe, du classique à la découverte du contemporain, du Bolchoï à Aix-en-Provence, épicentre créatif de Preljocaj. Le terreau social et familial russe est là. La détermination et les doutes aussi. Et la promesse d’un avenir fertile. Le pari est réussi. Grâce à une maîtrise formelle qui épouse le propos : fluidité du format Scope qui réunit deux corps dans l’espace, finesse de l’image et des teintes, pertinence de l’environnement sonore, du souffle au cri, du bruissement à la chute. La porosité entre les disciplines fonctionne et réjouit. La danseuse Anastasia Shevtsova hypnotise par sa force pour ses débuts d’actrice, tout comme le danseur étoile Jérémie Bélingard, et Juliette Binoche (déjà vue chez Akram Khan) et Niels Schneider se meuvent avec aisance.