Michael Kohlhaas

XVIe siècle, dans les Cévennes. Lorsqu’un seigneur lui vole deux chevaux et blesse son valet, Michael Kohlhaas dépose une plainte au tribunal. Débouté, il prend les armes et lève une armée pour rétablir son droit.
Si Michael Kohlhaas est l’adaptation d’un récit authentique, ce n’est pourtant pas une reconstitution historique. Des Pallières efface volontairement les représentations de l’époque (costumes, décors) pour dégager une œuvre poétique et profonde, sorte de western médiéval à l’opposé de ce qu’on aurait imaginé : exit les Braveheart et autre Robin Hood au budget faramineux. Des Pallières en prend le contre-pied, filmant la peur au ventre comme jamais (celle des victimes, comme celle des insurgés) et privilégiant l’extérieur, l’austérité des paysages. Austère aussi, le visage taillé dans la pierre de Mads Mikkelsen, grandiose interprète à qui Arnaud Des Pallières offre un rôle sur mesure. L’acteur illumine le film de bout en bout. Tiraillé entre son désir de justice et sa vie paisible, son personnage est un homme seul à l’extraordinaire courage : celui de prendre les armes d’abord, celui de les déposer lorsqu’il obtient réparation. Devant l’injustice et l’impossibilité de la résoudre calmement, Michael Kohlhaas renvoie à des questionnements beaucoup plus actuels qu’il n’y paraît, à la toute puissance des uns, immuable à travers les siècles. Un chef-d’œuvre beau et maîtrisé, à ranger aux côtés d’autres œuvres transversales, comme Aguirre ou Andreï Roublev.

Par Jean-Nicolas Berniche