Maman a tort

Bienvenue dans le monde du travail

Anouk, 14 ans, fait son stage d’observation de troisième dans la compagnie d’assurance où travaille sa mère. D’abord placardisée par deux secrétaires (duo épatant de Camille Chamoux et Nelly Antignac), elle découvre bientôt le monde de l’entreprise, ses petites humiliations et grandes lâchetés. Surtout, elle constate que sa mère, cette héroïne, est une femme comme les autres, soumise à la volonté des chefaillons et moins courageuse qu’elle ne le croyait. Pour son cinquième long-métrage, le réalisateur de Copacabana et La Ritournelle, également auteur du scénario, aborde un sujet peu traité sur ce mode au cinéma. Pour raconter cette adolescente qui voit soudain sa mère telle qu’elle est, il choisit un certain réalisme teinté de comédie. La gravité n’est jamais loin (le personnage de la mère, interprété avec courage par Émilie Dequenne, est dépressive et pathétique) et le constat social est amer. Mais l’équilibre, délicat, avec la fable initiatique a des allures de petit miracle. Il faut dire que, dans son premier grand rôle après des apparitions dans Le Passé et Orage, la jeune Jeanne Jestin est un atout majeur au cœur de ce jeu de dupes. Filmé à hauteur d’enfant, toujours dans les pas d’Anouk, le monde sclérosant de l’entreprise et ses fourmis emprisonnées dans des cages de verre, a quelque chose de peu engageant. Qui donne l’envie d’y donner de grands coups de pied. Ou bien d’agir… Il y a donc de l’espoir dans tout ça.