Werewolf

Pâles fantômes

Ils vivent dans une caravane au fond des bois, font la queue à la pharmacie pour leur dose quotidienne de Méthadone, traînent derrière eux une tondeuse à gazon qui leur permet de proposer leurs services (quand on ne leur claque pas la porte au nez) et glaner quelques pièces pour subsister. Blaise et Nessa sont ralentis, ailleurs, pâles comme la mort ; mais au moins, ils sont ensemble. Décrocher de la drogue n’est pas chose aisée, et tandis qu’elle tente désespérément de s’en sortir, il tombe et retombe… Ce premier long-métrage d’une jeune réalisatrice canadienne est situé sur l’île de Cap-Breton ; l’isolement insulaire ajoute encore à la désespérance de ces êtres enchaînés aux substances et à jamais prisonniers. Lorsque Ashley McKenzie approche ses personnages, elle le fait en gros plans décadrés laissant apparaître morceaux de visages, cheveux gras et peau laiteuse ; c’est à la fois perturbant et beau. Car ces werewolves, ces loups-garous, ne sont déjà plus de ce monde : c’est ce que nous indique le premier plan du film, désespérant et qu’on fait mine d’oublier tandis qu’il s’insinue en nous jusqu’à la fin. Si la mise en scène paraît parfois un brin systématique, la force de cette première œuvre exigeante et sans concession, habitée littéralement par Bhreagh MacNeil et Andrew Gillis, est indéniable et tenace en nos mémoires.