Le visage du jour

Ella Rumpf

Remarquée en grande sœur cannibale de Garance Marillier dans Grave de Julia Ducournau, en interprète serbe dans Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay face à Niels Schneider, en énigmatique comtesse dans la saison 3 de la série télé Succession, et césarisée pour sa partition épatante dans le rôle-titre du Théorème de Marguerite d’Anna Novion, Ella Rumpf irradie dans Des preuves d’amour. Un premier film long emballant signé Alice Douard, et présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique. Elle forme avec Monia Chokri un couple en fusion amoureuse, sur le point de devenir mères, l’une biologique, et l’autre en tant que compagne de la première, qui entame un périple pour se faire reconnaître légalement. L’actrice franco-suisse-allemande lui apporte sa lumière, son énergie et sa mélancolie. Une cinégénie dingue la caractérise dans chaque image, de sourire contagieux en larmes bouleversantes, de plan face caméra, où les couleurs de ses iris magnétisent au milieu de sa chevelure brune, en déclaration d’amour via un lip sync sur le Flume Remix du You & Me de Disclosure. La force et la vulnérabilité se donnent la main dans sa présence généreuse. Vêtue de tee-shirts, de pull en col v et de vestes de jogging graphiques, elle porte l’aventure avec aplomb, sans forcer. Sa composition de Céline rayonne et perdure bien longtemps après la vision de cette révélation cinématographique de l’année. Quant à l’ampleur de son jeu, elle se nourrit encore d’une nouvelle facette. En attendant de la retrouver dans Coutures d’Alice Winocour.