Ta mort en short(s)

Même pas peur !

Programme d’animation atypique ! C’est la Toussaint, et comme au Mexique, six courtes pépites invitent à fêter la grande faucheuse et ceux qui ne sont plus. En moins d’une heure, toutes les émotions sont là. Vif et remuant.

Le titre est drôle et le projet couillu. Constituer un programme de courts-métrages d’animation autour de la mort, en vue de le sortir sur les écrans pour un public jeune, il fallait oser. Folimage l’a fait, en collaboration avec l’Agence du court-métrage et Bref. Trois institutions précieuses. Six récits s’enchaînent pour un peu moins d’une heure de projection. Les durées, tons et techniques varient et se complètent. Un mini festival en somme, et bonne pioche, il ravit l’œil et le cœur. Ces trouvailles visant une audience junior, mais pas que, touchent au tabou de chez tabou : le dernier souffle, la séparation ultime.

Une constante dans quatre des petits joyaux : le lien à l’aïeul(le). La transmission déborde de tous les grains des images, entre les grands-pères (Pépé le morseCésar du court métrage d’animation, Mon papi s’est caché), les grands-mères (La Petite Marchande d’allumettes, Mamie) et leurs descendants, qu’ils assument leur lien ou que celui-ci jaillisse subitement, comme le final lacrymal du Morse. Une évocation profonde et mélancolique du temps qui passe, du regret, du manque, comme du bonheur de sentir le lien vivace et indéfectible. Que ce soit par le glissement vers le surréalisme du pépé qui se mue en morse, ou la douceur de l’évocation du souvenir par la luxuriance d’un jardin, le ravivement de la rudesse d’une mamie, ou la chaleur de la présence aimante avec l’ascendante, la mort en marche ouvre les vannes de la vitalité sensible.

Une vitalité qui explose carrément avec le bariolé Los Dias de Los Muertos, pendant court et savoureux du récent blockbuster Coco, où la connexion entre vivants et morts est totale et déjantée. Les macchabées ont grave la dalle ! Dans Chroniques de la poisse, le trash surréaliste abonde. Ce n’est plus l’émouvant pépé morse, mais un homme poisson qui refile au hasard le virus de la mort en marche et gratuite. Un imaginaire délirant et volontiers sanglant, qui éclabousse l’écran, en miroir avec les couleurs et mouvements impressionnistes des pastels gras sur cire de Mon papi s’est caché. C’est un vrai voyage au pays de l’émotion auquel convie ce manège animé. Inattendu et bienvenu.