Swallow

La boule au ventre

Un magnifique film d’horreur sur les divers plaisirs procurés par la maladie du pica.

 

Ce premier film, écrit et réalisé par Carlo Mirabella-Davis, est généralement présenté comme étant un film d’horreur. Cela peut paraître excessif quand on y recherche les caractéristiques habituelles du genre. Mais on n’y rencontre aucun zombie, ni le moindre individu assoiffé du sang de ses voisins immédiats…, mais seulement une jeune femme atteinte d’une maladie bien réelle, peu connue, et qui pourtant remonte à l’Antiquité : le pica. Son nom vient du latin pica, la pie, oiseau s’adonnant à l’absorption de tout ce qu’il rencontre au sol, que ce soit comestible ou non. Ainsi en va-t-il de certaines personnes qui engloutissent de la terre, du papier, du verre…etc. Comportement qui relève autant de la médecine traditionnelle que de la psychiatrie, que l’on remarque chez le petit enfant en situation de malnutrition, certains fanatiques religieux, chez la femme enceinte, troublée par sa nouvelle condition…

C’est ce dernier cas que montre Swallow avec un réalisme très convaincant, mis en valeur par une mise en scène rigoureuse, où le découpage à la fois très serré et fort varié a été orchestré d’une manière quasi musicale au montage, ce qui rend le film de bout en bout envoûtant.

Swallow : Photo Haley Bennett / Copyright UFO Distribution

Très froidement interprétée par l’actrice et chanteuse Haley Bennett (La Fille du train, Tate Taylor, 2016 ; L’Exception à la règle, Warren Beatty, 2016, Netflix), la protagoniste est une jeune femme dépourvue de personnalité, qui a épousé un fils de bonne famille à la carrière orchestrée par son père. Elle vit dans une vaste demeure aux cloisons de verre, où tout est pléthorique et parfaitement tenu en ordre par elle-même. Esseulée le jour, elle l’est tout autant lors des repas du soir, sa belle-famille lui portant très peu d’attention. Jusqu’au jour où elle trouve enfin un grand plaisir durant l’un d’entre eux, lorsqu’elle se délecte en suçant et croquant des glaçons (pagophagie). Sensation qu’elle cherche à reproduire en avalant de la terre dans le jardin (géophagie), puis une boule de verre (hyalophagie), des objets pointus et tranchants (acuphagie), le plaisir suprême étant atteint, le lendemain matin, quand elle les récupère dans ses selles. Et c’est là où, devant l’accumulation de ces diverses scènes, l’horreur s’installe dans… l’estomac des spectateurs, horreur accentuée par la beauté et l’indifférence faciale qu’affiche constamment l’excellente Haley Bennett. Le scénario est très bien développé et je laisse au spectateur le… plaisir d’en découvrir l’évolution.