Santa & Cie

Croire au merveilleux

Dans Santa & Cie, Alain Chabat revêt les atours d’un Père Noël d’antan et signe une comédie drôle, inventive et tendre, doublée d’une profession de foi dans les pouvoirs de la fiction.

L’enjeu était de taille : donner corps à un personnage dont l’existence présupposée fait rêver les enfants avant qu’ils ne réalisent la supercherie et fassent l’épreuve, souvent traumatisante, du désenchantement. Or, incarner le Père Noël dans une production d’envergure est en soi une réelle profession de foi dans les pouvoirs de l’imaginaire, une démarche d’artiste fervent qui entend affirmer la nécessité du mythe le temps d’un récit aux accents merveilleux. (Quelle responsabilité endossera l’acteur-réalisateur lorsqu’il croisera ses petits spectateurs dans la rue ? Ça, c’est une autre histoire…).

Comme dans Didier, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre ou Sur la piste du Marsupilami !, ses précédentes réalisations, Alain Chabat se joue de l’idée même de représentation en surfant habilement entre littéralité et décalage. Son Santa a l’élégance du Saint Nicolas des images d’Épinal : chevelure argentée, robe vert émeraude, belle allure. Pour sauver ses 92.000 lutins atteints d’un mal fulgurant à la veille de Noël, il devra descendre sur terre pour trouver un remède d’urgence. Tel un poisson hors de l’eau, l’illustre personnage populaire fera l’épreuve d’une autre réalité que la sienne et, de péripéties en tours de passe-passe, réinjectera une dose d’innocence dans ce bas monde dépourvu de magie vraie.

Doté d’un casting inventif et talentueux – Audrey Tautou, tonique en Wanda-mère Noël, Golshifteh Farahani et Pio Marmai qui forment un couple sexy, Bruno Sanchez, David Marsais et Grégoire Ludig du Palmashow, ainsi qu’un duo de gamins convaincants, Tara Lugassy et Simon Aouizerate – , Santa & Cie déploie des trésors d’imagination visuelle, une réelle poésie et un sens de l’humour absurde propre à l’ancien membres des Nuls. Alain Chabat est parfait en Père Noël à la voix rassurante et au regard doux. Dans la scène où il fait dire à son personnage quel regard il pose sur les enfants, il est renversant de vérité. Sa tendresse sous-tend son film et lui confère sa vraie valeur.