Peggy Guggenheim, la collectionneuse

L’amour de l’art et l’art de l’amour

Portrait d’une mécène et collectionneuse au nom célèbre dont la vie, mouvementée, émaillée de rencontres avec des peintres célèbres et d’aventures amoureuses, a tout du roman.

Elle n’a pas seulement réuni la plus grande collection d’art moderne, elle n’a pas seulement découvert Brancusi, Pollock ou Calder, elle n’a pas seulement donné son nom à un musée vénitien. Peggy Guggenheim (1898-1979) était un personnage, au sens le plus romanesque du terme. Et ce documentaire la restitue dans toute sa complexité passionnante. Héritière d’une famille fortunée, elle grandit à New York, se découvre ruinée à la suite du décès de son père, disparu sur le Titanic (mais recouvre la fortune à l’âge adulte via d’autres héritages) ; son oncle Solomon est le Guggenheim dont les musées à New York et Bilbao ont pérennisé le blason familial ; elle se rend à Paris, y épouse un homme qui lui donne deux enfants et des coups, elle apprend sur le tas l’art en compagnie de Marcel Duchamp et Jean Cocteau, prend un (des) amant(s), se fait refaire/rater le nez, expose et découvre… Elle n’a pas quarante ans… Et sa vie continue ainsi, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, émaillée de noms prestigieux, de rencontres improbables et de désirs plus ou moins assouvis.
Les témoignages de spécialistes en art, l’ayant côtoyée ou non, donnent des clés, indispensables, certes, mais qui plombent un peu l’ensemble. Heureusement, il y a les images d’archives, les documents d’époque montrant inaugurations ou fêtes, donnant à voir les visages de grands noms de l’art mondial. En off, émanant d’enregistrements audio inédits réalisés peu avant la mort de Peggy G., sa voix nasillarde et traînante commente et conte une vie de lustre et de tumulte, de chagrin et d’intimité. Elle n’était pas avant-gardiste qu’en matière d’art, et ce portrait de femme moderne est un must.