Mon cousin

Casse-toi, pop-corn !

Jan Kounen s’essaie à la comédie avec du pop-corn dedans et avec un duo antagoniste, sur le modèle populaire des films de Francis Veber. À la table du jeu : Vincent Lindon et François Damiens

François Damiens est un pop-corn. C’est Vincent Lindon qui le dit, c’est son personnage de boss cabossé, à la tête d’une boîte d’alcools menacée de boire la tasse, qui l’affuble de ce surnom. François Damiens joue son cousin, doux, rêveur, hypersensible, mais aussi maladroit, gaffeur, inadapté. Le second, Lindon le patron, a besoin de la signature du premier, Damiens, pour faire repartir les affaires du groupe familial, et après ça, salut, casse-toi, pop-corn.

Pop-corn ? Parce que ce gars, quand on le chauffe, saute dans tous les sens et éclate, pop-corn, parce que survolté et ingérable. C’est le principe d’explosion de son grain de folie, parce que oui, dingue il l’est, et en liberté provisoire, sorti de son asile, où sont enfermés avec lui Albert Dupontel, Jan Kounen lui-même et aussi Gaspar Noé. Ces trois-là s’agitent derrière une fenêtre, gesticulent dans leur bocal psychiatrique, roulent des yeux, du grand n’importe quoi de guignols. On devrait faire attention à ce caméo, certes un clin d’oeil à des réalisateurs amis, mais qu’on peut voir aussi comme l’affirmation, par Kounen, de son appartenance à une famille de cinéma de la provocation, de la liberté, de la créativité cintrée.
        
François Damiens est le héros pop-corn d’une comédie qui elle-même est un pop-corn movie amusant et léger, sans prétention. Son jeu est vif et burlesque : chaque scène avec le comédien belge redonne du carburant au récit, qui baisse de régime sans lui. Sur lui reposent non seulement la dynamique de l’histoire, mais aussi l’univers du film, qui tire vers l’absurde, joyeusement lâché, sans se prendre au sérieux. Il est l’homme par qui le gag a lieu, le rire arrive. Dans le registre opposé, Vincent Lindon incarne la rationalité sans fantaisie, calculateur plombé, du chef d’entreprise avisé.
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On n’avait plus de nouvelles de Jan Kounen (Doberman, 99 francs), depuis un sacré bout de temps, pas vu au cinéma depuis onze ans et Coco Chanel et Igor Stravinsky (2009). Ce retour dans une comédie au duo antagoniste, héritière du travail de Francis Veber (La Chèvre, Les Fugitifs, Le Dîner de cons), paraît à mille lieues du genre du réalisateur, mais Jan Kounen met sa marque sur ce film de commande, le stylise à sa manière, bourrant Mon cousin d’effets spéciaux et d’effets de caméra. Lui aussi est un pop-corn : il s’éclate !