Mike Flanagan adapte pour la troisième fois Stephen King et cette fois, c’est la bonne : fable fantastique parsemée de superbes séquences de danse, Life of Chuck est une petite merveille.
Jessie, Doctor Sleep, The Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor, La Chute de la maison Usher… En quelques films et séries, Mike Flanagan est devenu le metteur en images contemporain d’histoires issues d’un bestiaire littéraire impressionnant : Henry James, Edgar Allan Poe, Shirley Jackson et Stephen King sont en effet les inspirateurs de ce cinéaste qui affectionne l’horreur à taille humaine et les personnages bien campés.
Life of Chuck, nouvelle rencontre entre Flanagan et le King de l’horreur, est sans doute son film le plus réussi. Le point de départ en est La Vie de Chuck, une novella (entre la nouvelle et le roman) de moins de cent pages, décrivant, dans le désordre et en trois parties, la fin du monde, une séquence de danse et la jeunesse du Chuck en titre.
De ce matériau de l’auteur de Simetierre, on avait retenu un vrai sens de l’ellipse et une volonté de ne pas tout expliquer, plutôt inhabituelle chez lui. Mike Flanagan prend le parti, lui, de faire résonner les parties entre elles et d’y mettre du liant, quitte, en apparence, à être un peu redondant. Mais c’est comme cela qu’il transforme le mystère dégagé par le texte en une émotion véritable. Et cette émotion passe par la danse, devenue fil conducteur de l’œuvre, qu’elle soit présente dans des extraits récurrents d’un film (La Reine de Broadway de Charles Vidor), apprise en cours ou en famille, et surtout matrice d’un ébouriffant spectacle de rue improvisé. Le spectateur entre dans la salle en anticipant une fable fantastique sur le sens de la vie, il en ressort euphorisé par une étrange variation sur la comédie musicale hollywoodienne.
Tout en élégance et grâce, Tom Hiddleston (Avengers) est le Chuck danseur, dans la séquence pivot du film, et la plus belle, qu’on retiendra à coup sûr très longtemps. Mais on n’oubliera pas non plus Mark Hamill (La Guerre des étoiles) en grand-père un peu perdu, détenteur d’un secret trop grand pour lui, et surtout la très émouvante présence de Mia Sara (La Folle Journée de Ferris Bueller), revenue d’une longue absence sur les écrans, en grand-mère rockeuse et lumineuse.