Le Mystère Henri Pick

Et boule de gomme

Adapté d’un roman de David Foenkinos et réalisé par Rémi Bezançon (Le Premier Jour du reste de ta vie, Nos futurs), Le Mystère Henri Pick est un polar humble, sans armes ni haine ni violence, distrayant et haletant malgré ses imperfections.

Ce n’était pas gagné d’avance : la mise en scène penche dangereusement vers l’esthétique d’un unitaire pour TF1, tandis que le scénario multiplie les simplifications. Pourtant, Le Mystère Henri Pick est agréable comme un best-seller qu’on dévore pendant les vacances. L’histoire est celle d’un roman génial (que le réalisateur, malin, ne donne jamais à entendre au spectateur), surgi mystérieusement des limbes d’une bibliothèque municipale bretonne, a priori écrit par un pizzaiolo de village dont l’amour des mots avait échappé à tout le monde. Si, les premières minutes, l’équilibre précaire de l’univers proposé, quelque part entre l’exigence d’un naturalisme vraisemblable et la folie colorée d’une esthétique plus fantaisiste, peut être inconfortable, on s’y habitue vite. C’est peut être même le meilleur choix de mise en scène pour une adaptation d’un roman de David Foenkinos. Bien sûr, toutes les idées ne sont pas brillantes, et on pourra regretter de voir confier le rôle d’une jeune et brillante éditrice d’une grande maison d’édition à Alice Isaaz, dont chacune des apparitions à l’écran semble rappeler que « tout ceci n’est qu’une fiction », tant l’actrice n’a pas l’air à l’aise elle-même dans ce rôle. Heureusement, le reste du casting est bien plus à sa place, et permet au spectateur d’apprécier la compagnie de ces personnages attachants. Camille Cottin – même si elle semble jouer toujours de subtiles variations du même rôle – est réjouissante, touchante, et porte le film, en compagnie d’un Fabrice Luchini parfaitement maîtrisé, campant une sorte de mélange entre François Busnel et Éric Neuhoff, que l’on a envie de suivre dans son enquête. Car, comme toute histoire affichant un « mystère » dans son titre, c’est bien d’une intrigue à suspense qu’il s’agit. Un « whodunnit » sans meurtre, dans un esprit très Agatha Christie et bon enfant. S’amusant à tirer plusieurs pistes sans pour autant perdre ou ennuyer, Le Mystère Henri Pick est le film idéal du dimanche soir, jamais prétentieux, mais au contraire très sympathique, et tenant en haleine comme un bon page-turner.