La Belle

Les petites canailles

Premier film à sortir en France du réalisateur lituanien Arunas Zebriunas, La Belle est le portrait très juste d’une bande d’enfants, dominé par la lumineuse révélation de la petite Inga Mickyte.

Au son d’une entraînante mélodie pop sixities, une petite fille espiègle, paraissant un peu plus que son âge, danse devant ses camarades. Il s’agit d’un jeu enfantin, « la belle », et c’est aussi l’introduction d’un film lituanien datant de 1969, aussi court que fulgurant, jusqu’alors inédit dans les salles françaises. Pendant une heure et six minutes, on suit donc les pérégrinations de la petite Inga et de ses jeunes amis, enfants qui jouent en liberté dans un monde où les adultes ne sont que des figurants. L’enfance semble être le grand sujet du cinéaste Arunas Zebriunas, auteur d’une petite dizaine d’œuvres (toutes inédites en France), dont la première adaptation cinématographique du Petit Prince et Last Day of Summer Vacation, chronique estivale et enfantine, primée à Locarno, que la vision de La Belle donne fortement envie de découvrir. Zebriunas fait en effet preuve de beaucoup de finesse quand il s’agit de filmer ses jeunes héros. Sa caméra, très fluide, passe de l’un à l’autre, saisissant les émotions qui circulent au sein de la petite bande. Au-delà de la révélation de la saisissante Inga Mickyte, le film, lumineux et cruel comme l’enfance, étonne aussi quand son réalisateur prend des chemins de traverse plutôt amers, le temps de deux scènes. Celle d’abord au cours de laquelle un vieil homme assis sur un banc démesurément grand, filmé en un élégant travelling avant, raconte sa vie disparue à une petite fille assise à côté de lui. Et surtout celle de la discussion entre l’héroïne et sa mère, qui clôt le film sur une note aussi mélancolique qu’émouvante.