L’Ile au Trésor

Le temps des vacances

C’est l’été, sur une base de loisirs en région parisienne. Il fait chaud, et les habitants des quartiers alentour se pressent sur la petite plage aménagée. Sous ses airs de film estival, le documentaire de Guillaume Brac est un portrait touchant et passionnant de la vie en banlieue parisienne.

Autour du lac, chacun a ses raisons : certains sont là pour se rafraîchir ou pour sortir les enfants. D’autres travaillent sur la base, plus ou moins sérieusement. Certains y cherchent la solitude, et d’autres viennent draguer. Bref, c’est toute la vie qui s’organise le long des plages de l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. Une île qui, chez Guillaume Brac, prend une dimension mystérieuse, comme en témoigne une étrange séquence où un groupe de jeunes gens visite en paddleboard les ruines d’un vieux bâtiment submergé. On se croirait presque chez Jules Verne, ou Robert Louis Stevenson.

À d’autres moments au contraire, L’Ile au Trésor évoque Rohmer ou Kechiche. Il faut dire que chez Brac, l’île de loisirs de Cergy est un peu aux catégories sociales ouvrières et populaires ce que le lac d’Annecy était à la bourgeoisie dans Le Genou de Claire d’Éric Rohmer. Un petit paradis de délassement, un lieu de villégiature, où s’expriment, bien plus nettement qu’à la basse saison, quelques fragments d’un discours amoureux. On cherche à plaire, plus ou moins adroitement, on prend des risques – puisque finalement rien ne compte, c’est le temps des vacances. C’est lorsque Guillaume Brac capte avec la tendresse du réel (même si c’est un réel parfois mis en scène) ces moments de séduction que son film est le plus réussi. On y retrouve la même fraîcheur qu’on avait ressentie il y a quelques mois déjà devant le Mektoub My Love d’Abdellatif Kechiche. Les jeunes de Kechiche ressemblent aux jeunes de Brac, pris avec passion dans une quête d’émotions fortes et de sentiments vifs.

En dehors de ces histoires d’amour adolescentes, où Brac touche à quelque chose de beau, de vrai et de rare, il est un peu dommage que les autres personnages soient plus convenus dans leurs anecdotes et leurs situations, et donc peu intéressants. Mais en ces temps caniculaires, on peut bien faire une petite concession sur ces modestes défauts pour se rafraîchir dans l’un des étangs et partir à la rencontre des habitants de cette « île au trésor ».