Emily Dickinson, A Quiet Passion

Toute une vie

Moderne et bouleversant, ce portrait de la plus grande poétesse américaine du XIXème siècle par le grand réalisateur britannique Terence Davis a du punch.

Qui était Emily Dickinson, née en 1930 dans une riche famille de la Nouvelle Angleterre, considérée de nos jours comme la plus grande poétesse américaine ? Le britannique Terence Davies (Distant Voices, Sunset Song) s’intéresse au mystère de celle qui fut, de son vivant, un « mythe ». Pour ses positions tranchées, sa réputation d’excentrique, ses apparitions rares. Il filme la jeune fille en butte contre son éducation, la religion et l’ordre établi, puis la femme révoltée, irascible, passionnée, injuste et recluse. Dans une grande maison cossue où la lumière vient caresser les visages, dans le jardin au printemps qui réveille et réchauffe les corps et les cœurs, dans la tête d’Emily qui écrit inlassablement des poèmes : si les deux premiers « décors » sont visibles et magnifiques, sans jamais être illustratifs, le troisième est intangible mais palpable. Le visage buté de Cynthia Nixon (oui, oui, la Miranda Hobbes de Sex & the City I !) étrangement éclairé par une force intérieure, son maintien hiératique, ses allures de fantôme en somme, traduisent mieux que certaines incursions oniriques la force et la modernité de cette femme singulière. Et bien sûr, les poèmes, étranges et vénéneux, hantés par la mort, sont autant de petits cailloux semés sur le chemin qui nous mène à Emily. On suit avec passion ce destin unique, cette biographie dont la chronologie et la place dans son époque font naître les circonvolutions de son âme en des envolées étonnantes.