Edmond

Viens voir les comédiens

Alexis Michalik signe avec Edmond un premier long-métrage enjoué sur les coulisses de la création de Cyrano de Bergerac. Une ode rafraîchissante aux auteurs, aux comédiens et au geste artistique en général.

C’était, initialement, un scénario destiné au grand écran, qui se transforma en projet pour le théâtre avant de devenir un film. Il y a quinze ans, celui qui deviendra la jeune coqueluche du théâtre français avec Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes, puis Edmond et ses cinq Molières, rêvait de réaliser un film autour de la vie d’Edmond Rostand dans l’esprit de Shakespeare in Love. Faute de financements à l’époque, le projet cinématographique se transforma en adaptation pour les planches, avant d’intéresser Légende, la société de production d’Alain Goldman (Les Rivières pourpres, La Môme, Paulette…), et de prendre la forme d’une production d’ampleur destinée à un large public.

Michalik met ainsi en abyme le romantisme de Cyrano dans la vie intime de Rostand. Auteur sans succès, raillé et sans le sou, il va devoir écrire une pièce en trois semaines et passera de l’ombre à la lumière de façon fulgurante grâce à ce texte qui deviendra le plus joué de l’histoire du théâtre français. Michalik s’amuse à déplier le processus créatif, de la panne d’inspiration à l’illumination, en passant par les aléas matériels, les répétitions chaotiques, les obstacles, les moments de bravoure et, enfin, le triomphe de la première de la pièce au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 28 décembre 1897, qui connut quarante rappels et suscita une liesse sur les Grands Boulevards. Son récit, bien rythmé, est mené avec un enthousiasme et une légèreté qui lui confèrent un élan joyeux.

Si la mise en scène manque de sobriété (la caméra tournoie souvent de façon inutile), la direction d’acteurs, elle, est impeccable. Dans le rôle-titre, Thomas Solivérès (Intouchables, Mon poussin, Respire) trouve enfin au cinéma un rôle d’envergure à la mesure de son talent, et Olivier Gourmet fait un Coquelin aîné (l’acteur qui interpréta le premier Cyrano), aimable et charismatique.

À travers cette histoire, c’est une déclaration d’amour au théâtre, aux auteurs, aux acteurs, à leur pouvoir d’émerveillement et à leur rôle déterminant dans la société que donne à entendre Alexis Michalik. Son énergie est communicative et son sens du grand spectacle intelligent fait un bien fou.