Cold War

Passion Slave

Pawel Pawlikowski fait partie des dix cinéastes qui débarquent pour la première fois dans la course à la Palme d’Or en 2018. Après son retour à ses origines polonaises avec le triomphe cinéphile Ida, le voici aux commandes d’un nouveau portrait en noir et blanc, dans la Pologne des décennies passées.

Il chante ici les étapes d’un amour intense et malmené, qui traverse les années et les frontières, de Varsovie à Paris. Construit par étapes temporelles et ellipses assumées, ce récit ciselé d’une passion enchante, caresse, ravit. La virtuosité narrative et formelle règne. La sensualité aussi. La caméra aime les visages, les voix et les corps de Joanna Kulig et Tomasz Kot, renversants de séduction.

Zula et Wiktor, la chanteuse et le musicien, vivent leurs élans au son d’une musique jazz entêtante, qui fait battre le cœur des images denses de Lukasz Zal. Le cinéaste raconte un monde qui veut empêcher l’individu de vivre sa liberté. La Guerre froide qui retient, qui sépare, qui écrase. Avec sa délicatesse assumée et son art de la séquence comme tableau, Pawlikowski crée un espace-temps unique. Une expérience à vivre les yeux grands ouverts, sur les écrans en octobre prochain.