Folles de joie

Girls on the Run

Une virée attachante et humaine, illuminée par une impériale Valeria Bruni Tedischi.

Il est encore aujourd’hui difficile de définir Paolo Virzì comme un auteur. D’abord parce que peu de ses films ont trouvé une exploitation commerciale de ce côté-ci des Alpes, et surtout parce qu’il est compliqué de trouver une ligne directrice qui permettrait de passer de Napoléon (et moi) à Folles de joie, en cheminant par Les Opportunistes. Mais peut-être finalement que ce cinéaste à l’ancienne peut se définir avant tout comme un artiste qui s’efface devant ses acteurs et ses sujets. Ici, l’histoire de Beatrice, patiente mythomane de la Villa Biondi, un institut spécialisé, qui se lie vite d’amitié avec Donatella, nouvelle venue, traumatisée par un événement qu’on découvrira en cours de récit. Virzi privilégie l’efficacité au style pour raconter la virée de ces deux paumées attachantes, qui tentent de reprendre un instant le contrôle de leur destin.

À travers un travail astucieux sur les couleurs et sur les décors, le réalisateur de La prima cosa bella nous place au plus près de ses deux personnages aux destins brisés. Mais on est surtout convaincu par la direction d’actrices de ce joli film au féminin. Si Micaela Ramazzotti s’en sort très bien en mère au lourd passif, on retiendra bien sûr le grand numéro que nous offre Valeria Bruni Tedeschi : en bourgeoise complètement paumée, aussi réac qu’attendrissante, la comédienne est tout simplement impériale et son personnage, secoué de bouffées délirantes, le véritable moteur de ce mélo humain et attachant.