Cendrillon

Vous fera-t-on l’offense de vous rappeler l’histoire de Cendrillon ? De cette jeune fille d’une gentillesse à toute épreuve, adorée par son père, qui perd sa mère et pense retrouver une vraie famille avec l’arrivée d’une belle-mère et de deux demi-sœurs ? Suivront la disparition du père et la transformation de la « simple belle-mère » en « très méchante belle-mère », qui la relègue au rang de domestique. Puis la rencontre avec le prince. Le bal. La fuite. L’abandon de la chaussure de vair (et non pas de verre, le vair étant une fourrure, tout de même plus confortable). Pour en arriver au « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».
Voir Kenneth Brannagh, spécialiste de Shakespeare, s’atteler à l’adaptation du conte, sous l’égide de Disney, est à la fois étrange et excitant. Le résultat ne déçoit pas. Il fait de ce conte une histoire plus profonde que celle qui a nourri des générations via des dessins animés, en creusant les personnages et leurs motivations. La belle-mère en particulier gagne en profondeur et en nuances, portée, et cela change tout, par le talent protéiforme de Cate Blanchett, à la fois drôle et cruelle. Kenneth Brannagh pourtant n’oublie pas que tout cela est un conte, notamment avec l’arrivée de la géniale Helena Bonham-Carter. Avec force décors et costumes grandioses, saupoudrés d’une belle touche d’humour, il réalise un film qui nous embarque. Une condition expresse: laisser tout cynisme et esprit adulte à la porte, pour ne garder que la pure magie de l’instant. Bibidi bobidi bou.