Comancheria

Braquages à la texane

Au Texas, deux frangins, dont l’un à peine sorti de prison, attaquent des banques avec un mode opératoire repérable, qui jette à leurs trousses deux Texas Rangers… Le Britannique David McKenzie (Young Adam, Les Poings contre les murs) s’attaque à ce projet américain, sur un scénario de Taylor Sheridan (Sicario). Au-delà du pitch dans la tradition du genre, c’est un film totalement ancré dans l’époque actuelle : les figures du Grand Ouest sont certes les mêmes, mais le monde a changé. L’ennemi, pour la plupart des témoins interrogés par les deux représentants de la Loi, ce sont les banques, et nos deux bandits seraient en quelque sorte des héros. La solitude, la difficulté de tenir une ferme de nos jours, l’éternel problème de la frontière, la fin d’un monde… Dans ce contexte, les personnages remarquablement dessinés, assument les clichés pour mieux les dépasser – le bon frère et le mauvais frère ; le flic au bord de la retraite et son partenaire d’origine mexicaine – et dégagent une humanité vraie. Quelque chose d’une réalité que le film distille tout en jouant l’efficacité de la mise en scène et la rapidité du montage, le tout saupoudré d’élégants dialogues à l’humour parfois désespéré. Le casting, impeccable, est la cerise sur ce gâteau, du genre pièce montée : western ET thriller ET constat social sur un mode réjouissant. Qui dit mieux ?