Before Midnight

Il y eut leur rencontre, dans un train qui les menait à Vienne (Before Sunrise, 1995), puis leurs retrouvailles dans une librairie parisienne, dix ans plus tard (Before Sunset, 2005). C’est la quarantaine franchie que Céline (Julie Delpy) et Jesse (Ethan Hawke) réapparaissent. Nous les découvrons parents de jumelles ravissantes, en vacances en Grèce, le temps d’un été ensoleillé. C’est sur ces terres iodées, à l’heure du soleil couchant, que ce couple franco-américain s’affrontera. Il aura laissé derrière lui le marivaudage charmant qui faisait le lit des épisodes précédents. Le temps est au bilan, au règlement de comptes conjugaux.

Dans un virtuose chassé-croisé physique et verbal, Julie Delpy, Ethan Hawke et leur co-scénariste et réalisateur Richard Linklater interrogent l’amour éternel, la menace du tragique, la nécessité de créer, le temps qui passe, qui forge, qui érode. Un dialogue sans répit ou presque, qui se tisse, se tend, et fend les scènes, véloce et percutant. La caméra, discrète et maligne, suit ces personnages à la trace dans d’impressionnants plans-séquences. Les comédiens, habiles et complices, font des étincelles. Leur face-à-face est brillant : entre mélancolie et vitalité, ils louvoient, sans trébucher. Nous les quittons à regret, retournés, conquis.