La Rochelle 2018

Belles plages cinéphiles

Après quelques mois immobiles, retour aux affaires festivalières avec la 46e édition du Festival International du Film de La Rochelle. Une première visite.

Comme toujours, quand on ne peut s’offrir que trois petites journées au cœur d’un événement qui s’étend, lui, sur dix jours et multiplie les sections, il parait judicieux d’établir une stratégie de visionnages. Ici, l’option que j’ai retenue a été : voir au moins un film par catégorie. Mais on ne va pas jouer le suspense, j’ai échoué. Trop de propositions !

En ce qui concerne les Rétrospectives cependant, mission accomplie : un Bergman (Le Silence, 1962), mais un seul, puisque l’éditeur Carlotta promet, entre autres, de le remettre à l’honneur cet automne. Chez Les Drôles de dames du cinéma muet, je me suis effectivement bien amusée avec It de Clarence G. Badger (1927), introduit, puis accompagné au piano par l’érudit Serge Bromberg, mais je n’ai pas creusé plus avant car j’ai déjà eu l’occasion de voir quelques-uns de ces films. En revanche, un seul Bresson (Une femme douce, 1968), c’était vraiment trop peu… Ah, si j’habitais Paris ! (= rétrospective à la Cinémathèque française jusqu’au 29 juillet).

Du côté des Hommages, j’ai été mauvaise élève : pas un Aki Kaurismäki, pas un Lucrecia Martel (dont je vais tout de même me dépêcher d’aller voir Zama, actuellement en salle). Le seul sur lequel je ne voulais vraiment pas faire l’impasse, c’est le discret et singulier Philippe Faucon, dont j’ai eu le plaisir de découvrir l’aussi âpre que lumineux Mes dix-sept ans (1996).

Mais là où je mérite vraiment un zéro pointé, c’est sur l’Animation. O.K., je suis fan de Nick Park et les studios Aardman, donc j’avais déjà tout vu… Mais Theodore Ushev ?! Comment j’ai pu le manquer si complètement ? Alors qu’en plus il était en résidence au Centre Intermondes, où l’on pouvait expérimenter deux de ses courts en réalité virtuelle !

Bon, trêve d’auto-flagellation. Après tout il fallait bien quand même aussi que je visite la ville ; et son musée d’Histoire naturelle associé au festival ; et son marché couvert où l’on peut déguster sur le pouce des huitres toutes fraiches ; et la plage ; et les amis… Stop. Retour en salle !

J’ai vu des films Bulgares, mais pas de film Québécois. Et je n’ai pas passé la nuit avec Christopher Walken. Mais je me suis intéressée à la toute nouvelle section Portraits d’artiste, où j’ai découvert l’excellent Penché dans le vent, documentaire de Thomas Riedelsheimer sur l’artiste du land art Andy Goldsworthy. En salle ce 18 juillet et déjà encensé par le camarade Bombarda :

 

Et puis, il y avait la section Ici et ailleurs, riche en avant-premières plus ou moins exclusives –beaucoup de ces films sont entre-temps sortis-, où j’ai eu une belle retrouvaille et un gros coup de cœur parfaitement inattendu.

Retrouvaille avec le cinéma de Marie Losier pour commencer, que j’avais eu l’occasion de rencontrer à l’époque de The Ballad of Genesis and Lady Jay, et qui revient avec un documentaire toujours aussi haut en couleur, fort en émotions et –paradoxalement- pudique. Cassandro, the Exotico ! suit un champion de Lucha Libre gay, flamboyant, mais aussi fracassé. Ca sort en salles le 5 décembre.

Enfin, mon chouchou de cette édition, que j’allais voir initialement par pure complaisance amicale, tout en rechignant à l’idée d’un métrage de plus de deux heures où, à mi-parcours, je serai obligée de poser des lunettes 3D sur mon nez… Et bien, Un grand voyage vers la nuit, de Bi Gan, m’a cueillie ! C’est bien la première fois que je vois un intérêt réel à la 3D. Et la façon dont le passage d’une dimension à l’autre est amené au bout d’une heure de film est tout à fait pertinente aussi. Quant à l’histoire, un amour perdu, un ami mort, des crimes commis –elle est trop cinématographique pour être résumée en quelques mots : rendez-vous en salle le 14 novembre !