Inside The Asylum

La licence Sharknado, la série Z Nation, des productions aux noms improbables tels Titanic II ou Transmorphers, des histoires de monstres géants, et même des films d’animation grand public : la société de production et distribution américaine The Asylum fait de tout, rapidement et en grande quantité. Bienvenue dans l’usine, basée à Los Angeles, d’où sortent chaque année près de trente longs-métrages.

Plan de la société de production et de distribution américaine The Asylum à Los Angeles.


AUDITION / CASTING


 

Scotty Mullen, Directeur de casting

Bryan Dietzmann, assistant

Scotty Mullen : « À l’origine, je suis scénariste, et après avoir fait plusieurs films avec The Asylum, ils m’ont proposé d’être directeur de casting. Avec Bryan – qui est plus mon partenaire que mon assistant – on caste environ vingt rôles pour chaque film. »

Bryan Dietzmann : « Concrètement, on poste des annonces de castings sur différents sites. On reçoit de nombreuses réponses – des milliers, particulièrement pour les rôles féminins de moins de 25 ans – parmi lesquelles on sélectionne entre 150 et 200 profils. On appelle alors les agents et on planifie une audition.
Soit les acteurs viennent ici, dans cette pièce, pour auditionner, soit – et c’est de plus en plus courant – ils nous envoient une vidéo. Ce qui me facilite largement le travail, car même les auditions faites ici sont filmées. Une fois la première phase d’audition terminée, on sélectionne nos 15 à 20 préférés et on les envoie au réalisateur, au scénariste, et aux associés.
Puis ils sélectionnent ceux qu’ils préfèrent. On rappelle ces gens-là, cette fois-ci ils viennent tous ici pour auditionner, et c’est là qu’on fait le choix final. »

S.M. : « Mon premier conseil aux acteurs débutants est de ne pas avoir peur. Je m’en fiche si leur bande démo est filmée dans leur appartement par leurs potes. Tout ce que je veux voir, c’est s’ils sont bons ou non face caméra. Et puis surtout, je les encourage à dire oui à tout. Rien n’est trop stupide quand on débute. Regardez Jennifer Aniston : son premier film, c’était Leprechaun, et dix ans plus tard, elle a eu un Golden Globe ! Et puis quand on débute, il faut savoir économiser de l’argent pour se rendre disponible… C’est un petit monde : si vous vous retirez d’un projet pour lequel vous avez été retenu, tout le monde va le savoir et tout le monde va s’en souvenir…

Et surtout, il ne faut pas avoir peur de ne pas correspondre aux canons de beauté. On cherche davantage des personnes et des personnalités particulières, qui marquent les esprits, que des gens uniformément beaux. Récemment, j’ai adoré le casting des enfants de la série Stranger Things, par exemple. Tu aurais eu envie de les avoir pour potes au collège !
En plus, les gens trop beaux sont moins bons, car ils croient que tout est gagné d’avance ! »

B.D. : « Si, globalement, on a l’embarras du choix, c’est plus dur quand il s’agit de caster des rôles… particuliers. Le mois dernier, je devais trouver un gars pour jouer, en costume, un gorille. La semaine dernière, c’était Elvis, mais vieux. C’est vraiment dur pour nous de trouver des acteurs âgés, et plus encore quand ils doivent ressembler à Elvis… On y est finalement arrivés. Ce qui est amusant chez The Asylum, c’est qu’on ne sait jamais ce que l’on va nous demander de chercher la prochaine fois… »


STUDIO DE DOUBLAGE ET DE BRUITAGE


 

Michael Hardman, responsable du doublage

« Je suis responsable du doublage et des bruitages, qui sont enregistrés, montés et mixés ici.

Je m’occupe de la réalisation de tous les sons réalistes et tangibles : des clés, une porte qui claque, des bruits de pas… Souvent, l’enregistrement qu’on reçoit du plateau est de mauvaise qualité, alors on le remplace par un son propre enregistré ici. On rajoute aussi certains dialogues pour rendre le film plus compréhensible. Sur 100 Degrees Below Zero, par exemple, 90% du son est réalisé en postproduction. La qualité de ce qu’on a reçu du tournage était si mauvaise qu’on a dû faire revenir tout le casting pour réenregistrer les dialogues. Ce qui n’est pas toujours facile à faire… Si les acteurs sont à l’étranger ou dans une autre ville, je loue un studio pour enregistrer ça sur place. S’ils ne sont pas disponibles, j’essaie de trouver quelqu’un – le plus souvent parmi mes collègues à The Asylum – qui a une voix plutôt similaire, et je lui demande d’enregistrer à leur place !

Avec les films d’animation, c’est un peu différent. Si on avait le planning et le scénario dans les temps, tout serait beaucoup plus simple que sur un film en prises de vues réelles. Sauf qu’ici, le scénario est modifié alors qu’on a déjà enregistré la plupart des voix… Alors, là aussi, il faut faire revenir tout le monde. En même temps, on a plus de liberté pour le montage, et le travail avec les acteurs est vraiment différent. J’adore le travail avec les acteurs et les réalisateurs, même si certains me prennent un peu la tête… C’est pour ça que j’ai cette chaise-trône ! C’est un peu une blague parce que je suis anglais. J’avais simplement demandé une chaise fixe, car avant, j’avais une chaise avec des roues, et j’avais toujours un réalisateur qui venait s’asseoir à côté de moi et qui m’empêchait d’accéder aux boutons. Le gars ne voulait pas bouger. Il est sur ma shit list maintenant. Comme cet autre gars, Robert Davi, qui a eu sa période de gloire au moment des Goonies. Il m’a fait une scène parce que j’ai refusé de garer sa voiture… »


ANIMATION


 

Glenn Campbell, créateur d’effets visuels

« Le département de l’animation est très récent, on l’a ouvert il y a deux ans pour le film Izzie’s Way Home. En ce moment, tout le monde travaille sur Trolland, notre nouveau film d’animation, que j’ai coscénarisé, bien que ce ne soit pas du tout mon métier. The Asylum est une société qui t’offre la possibilité d’essayer beaucoup de choses différentes si tu en as envie. Ils ont demandé à toute l’équipe de proposer des pitchs pour un film pour enfants, et avec deux collègues du département effets visuels, on a eu quelques idées qu’ils ont appréciées et on s’est retrouvés à écrire un scénario ! Une fois que le scénario était prêt, un réalisateur a été embauché. Mais il est tombé malade, et on m’a demandé de le remplacer ! Donc voilà, hier j’étais juste un technicien d’effets visuels, et maintenant je suis scénariste et réalisateur d’un long-métrage d’animation…

Concrètement, on crée nos personnages avec un logiciel qui s’appelle Maya, et on crée l’environnent dans lequel ils vivent avec un moteur de jeu vidéo, l’Unreal Engine. C’est pour ça qu’on a embauché des gens qui viennent de l’industrie du jeu vidéo : ils ont pour objectif de créer tout l’univers du film, comme s’ils créaient le monde d’un jeu vidéo. Ainsi, on a tout le lieu où se déroule notre film, comme un plateau, et il nous suffit de poser nos cameras virtuelles et nos personnages où bon nous semble ! Ainsi, on peut faire ce film bien plus vite. Je ne veux pas dire de bêtises, mais il me semble qu’on est les premiers dans l’industrie à utiliser un moteur de jeux vidéo pour produire un film d’animation professionnel.

On avait quinze personnes qui travaillaient sur Trolland, mais certains ont été appelés pour travailler sur la série Star Trek Discovery, donc maintenant on n’est plus que dix – car on a pris du retard sur notre planning, et on n’a pas pu retenir tout le monde. On ne peut pas se battre contre Star Trek ! »


DÉPARTEMENT DES EFFETS VISUELS


 

Joe Lawson, superviseur des effets visuels

« Je suis le directeur du département des effets visuels. Je fais en sorte qu’il n’y ait pas de retard sur chacune des productions, mais je fais aussi beaucoup d’effets visuels moi-même. En général, nous travaillons sur au moins deux films en même temps, tout en préparant le travail pour les deux films suivants. Je rencontre aussi les réalisateurs en amont pour savoir ce qu’ils veulent.

On fait un travail similaire à une équipe qui travaillerait sur une série télé, à la différence que sur une série, le travail est à peu près le même d’épisode en épisode. Chez nous, il peut changer du tout au tout d’un film à l’autre. Par exemple, en ce moment on travaille à la fois sur un film pour enfants avec des dinosaures, et sur un film-catastrophe centré sur une inondation, tout en préparant une production dans le style des Mille et Une Nuits, deux films d’horreur, un film sur un robot géant, un autre sur un accident d’avion… »


« THE CAGE »


 

Sara Gallardo, coordinatrice marketing

« En gros, “The Cage“, c’est notre espace de stockage. On y trouve tous les DVD que nous vendons directement via notre plate-forme en ligne. On a, à peu près, 300 DVD et Blu-ray par titre. On stocke aussi toutes les “productions bins“, qui sont des boîtes, une pour chaque film, dans lesquelles se trouvent des disques durs avec tous les rushes et l’ensemble des éléments qu’on a utilisés pour faire un film. Il arrive qu’on ouvre ces boîtes pour récupérer des plans qu’on se souvient avoir tournés, afin de les insérer dans une nouvelle production. Ainsi, inutile de tourner cent fois le même plan de mer agitée… On conserve aussi ici une copie de tous nos films sous forme de bande magnétique Digital Betacam, un format qu’utilisent les doubleurs pour doubler nos productions dans différentes langues. Enfin, tous les documents papier (scénarios, copyright, générique, budget) de chaque film sont conservés ici.

Je suis responsable de cet espace, et des livraisons de tout ce qu’on y stocke, mais à côté de ça, je m’occupe aussi du marketing. Je transmets tous les éléments marketing (crédits, posters, jaquettes, photos…) que l’on a fait réaliser à nos acheteurs et distributeurs, ainsi que tous les éléments qu’on a utilisés pour créer ces affiches, afin qu’ils puissent modifier les artworks comme bon leur semble. Par ailleurs, je leur transmets également tous les documents légaux, les copyrights, qui prouvent que c’est bien notre film, et qu’on l’a fait dans les règles. »


SALLE DE PROJECTION


 

Craig Polding, ingénieur du son de mixage

« Pour ma part, je m’occupe ici du mixage final de chaque film. Je mets tous les sons ensemble, les bruitages, les dialogues, la musique et j’harmonise le tout !

La salle est parfaitement insonorisée. Parfois, j’ai besoin de sortir et marcher un peu dans le couloir pour entendre autre chose que le son de ma voix et des films ! Ce qui est amusant chez The Asylum, c’est qu’on a affaire à tellement de films différents, de l’animation au film d’action. Par contre, il faut savoir bien gérer son temps. Même si on sait qu’on sera toujours un peu en retard, car les deadlines fixés par les associés sont souvent humainement intenables…

Quand un film est complètement terminé, c’est ici que les associés viennent le voir, le valident ou nous donnent des instructions sur des choses à modifier. »


BUREAUX DE LA DIRECTION


 

Paul Bales, directeur des opérations

David Rimawi, président, directeur des ventes et de la distribution, cofondateur

David Michael Latt, directeur général, directeur de la production, cofondateur

 

Paul Bales : « On porte tous beaucoup de casquettes ici, mais ma première responsabilité est d’éviter la faillite de l’entreprise, et de trouver du financement pour nos films ! En tant que producteur, je lis aussi tous les scénarios, et je les valide… Ou non. »

David Rimawi : « Pour ma part, je négocie tous les contrats de distribution. Je vends donc les films, mais surtout je travaille avec nos acheteurs pour voir ce dont ils ont envie, et quel type de film on pourrait développer pour satisfaire leurs besoins.

Je participe à la création du film jusqu’à la naissance de l’idée, puis je cède la place à David Michael Latt, et je reviens à la fin, une fois le film fini, pour être sûr que ça correspond à l’idée qu’on a prévendue. Et sinon, je demande que des ajustements soient faits. Je supervise aussi la réalisation des posters et des trailers, afin que le film soit bien présentable. Les spectateurs n’ont, la plupart du temps, jamais entendu parler de la plupart de nos films, alors deux choses sont primordiales : le titre et l’affiche. Comme nos productions sont, en général, prévendues à un ou deux distributeurs, mais nécessitent après coup de trouver plus de distributeurs pour être rentabilisés, la clé de notre business model est d’être sûr que nos préacheteurs veulent tel ou tel film, car c’est ce que le marché recherche maintenant, et non en raison d’un goût particulier, personnel. »

David Michael Latt : « C’est moi qui choisis les producteurs exécutifs, tandis que Rimawi choisit le réalisateur de chaque film. Je gère également le planning de production, afin que tout soit fait dans les temps. J’essaye d’être présent sur chaque tournage pour voir si tout se passe bien, mais je suis aussi beaucoup ici pour superviser la préproduction et la postproduction.

J’ai écrit la “bible” d’une production The Asylum, que je demande à tous les producteurs exécutifs de lire. Il y a une manière de créer un film The Asylum, et pour que ce style soit présent, il faut respecter cette méthode.

Notre gros défi aujourd’hui, c’est l’animation. C’est un monde qu’aucun de nous ne connaissait vraiment, et nous avons beaucoup à apprendre.

Ce qui est bien avec ce défi, c’est que je sais qu’on ne peut pas faire pire, qu’on ne pourra que devenir meilleur ! The Asylum a toujours été un challenge. Je le vis au jour le jour, je n’ai jamais su où on allait et je ne le sais toujours pas ! »


BUREAU DU DIRECTEUR DE LA POST-PRODUCTION


 

David Courtice, directeur de la postproduction

« Je fais le lien entre ce qu’on veut faire et ce qu’on doit faire. Et pour ça, j’ai besoin d’avoir une vue d’ensemble sur tous les départements. Si vous regardez le couloir de ce bâtiment, c’est un peu une chaîne d’assemblage de films. Je veille à ce que tous les ouvriers qui travaillent à différents points de cette chaîne soient heureux, et qu’au bout de la ligne, nos clients soient heureux. Car, pour que la machine fonctionne, il faut que chaque département puisse avoir confiance dans les autres départements. Et si sur cette chaîne, quelqu’un a besoin de quoi que ce soit pour la rendre plus efficace, c’est moi qu’il va voir.

Vous savez, le plus drôle, c’est que je ne suis pas un grand fan du genre de films qu’on produit. Quand ils passent à la télé, je zappe. Sur les trente films qu’on produit par an, j’ai dû en voir trois ou quatre. Mais je sais qu’il y a un public qui raffole de ce genre de produit, alors je fais en sorte qu’il soit le mieux réalisé possible, dans notre style. Si vous regardez tous les gens qui travaillent ici, c’est souvent leur premier job, beaucoup sortent à peine de l’université ou apprennent sur le tas. Et alors que, dans les grands studios, vous devez commencer en bas de l’échelle et monter progressivement les échelons, ici, à l’issue de votre première année, vous pouvez avoir un poste de responsabilité dans le générique d’une dizaine de films ! Il y a quelques années, un gars est venu nous voir. Il venait de la campagne profonde de Caroline du Nord, il voulait travailler dans le cinéma. On lui a proposé un poste d’assistant monteur, et on s’est rendu compte qu’il se débrouillait bien et un an plus tard, il est devenu superviseur de la postproduction. Quatre ans après, il a quitté The Asylum pour travailler chez Sony. On apprend beaucoup ici, et on est constamment en train de s’adapter à la nouveauté, et on travaille très vite. On a fait notre premier long-métrage d’animation en quelques mois. Je n’ai pas les statistiques, mais je crois qu’on n’est pas loin d’un record ! Le truc, c’est qu’on n’a pas le temps de se dire qu’on ne va pas y arriver. Il faut constamment qu’on avance. En juin dernier, on travaillait en post sur cinq films en même temps. Comme on y est arrivé, l’année prochaine les associés nous demanderont sûrement d’en faire six… C’est la stratégie de l’entreprise, attaquer agressivement le marché avec toujours plus de films. Donc beaucoup de travail… Ce n’est pas un hasard si on a un bar dans le bâtiment… Qui se trouve justement dans mon bureau ! »


BUREAU DE LA DIRECTRICE EXÉCUTIVE


 

Courtney Hagen, directrice exécutive

« Qu’est-ce que ça veut dire “directrice exécutive“ ? Eh bien, en gros, je m’occupe de tous les petits détails. J’assiste directement les associés, je gère leur emploi du temps. Mais surtout, je suis en charge du swag The Asylum ! Je fais fabriquer des goodies, je gère les commandes, j’organise les Wrap Parties (fêtes de fin de tournage) ou simplement les fêtes d’anniversaire…

Et puis, je fais en sorte que l’ambiance de travail soit géniale pour que personne ne démissionne ! En même temps, je suis un peu la psychologue de l’équipe : si quelqu’un a un problème, il vient me voir, et on essaye de trouver une solution… »


DÉPARTEMENT DES VENTES


 

Kendall Anlian, directrice des ventes internationales

Maeve Harris, responsable des ventes domestiques

Kendall Anlian : « On est en relation avec des acheteurs dans le monde entier, ciblant chacun un public avec des besoins différents. Par exemple, nos clients français aiment beaucoup les films-catastrophe, tandis qu’aux États-Unis, c’est un genre qu’on a plutôt du mal à vendre !

Une grande partie de notre travail se fait maintenant via e-mail, mais les marchés du film, surtout ceux de Cannes et de Santa Monica, restent pour nous des événements importants. Comme dans n’importe quel marché, on a notre stand et on vend nos produits. C’est là qu’on rencontre de nouveaux clients potentiels, qu’on consolide nos relations avec nos acheteurs historiques. On a vraiment besoin de cette relation “en personne“. À chaque marché du film, on apporte un petit livre, notre “line-up“, dans lequel tous nos films sont répertoriés, avec un petit résumé. On sait d’avance que dans certains pays, certains films ne marcheront pas, alors on adapte le line-up à la nationalité du client. On évite les films d’horreur pour la Chine, à cause de la censure, par exemple. »

Maeve Harris : « Nos acheteurs peuvent être des plates-formes de VOD, telle iTunes ou des magasins de grande distribution comme Walmart, des chaînes de télévision, et parfois des distributeurs, qui font l’intermédiaire. On essaie de faire en sorte d’avoir le meilleur placement de notre produit sur les plates-formes de nos clients, pour que nos films soient mis en avant et ne se retrouvent pas perdus dans la masse. Pour que ça marche sans dépenser trop d’argent, on a besoin d’avoir une belle affiche, mais surtout de participer aux offres promotionnelles développées par la plate-forme.

Souvent, nous adaptons l’affiche et le titre d’un film en fonction de nos acheteurs. Beaucoup de nos produits s’inspirent de succès du moment, et pour certains de nos acheteurs, parfois un peu trop. Nous avons ainsi produit Ghosthunters récemment, dont le nom évoque évidemment Ghostbusters. Mais la plate-forme de VOD InDemand nous a demandé de l’écrire en deux mots, “Ghost Hunters“ pour éviter d’avoir des problèmes juridiques… À l’inverse, Walmart cherche spécifiquement ce genre de titre. Parfois, nos acheteurs choisissent eux-mêmes le titre qu’ils veulent.

Enfin, chaque plate-forme a des statistiques d’audience et de genres de films les plus vus. On sait donc d’emblée ce qui marchera et ce qui ne marchera pas sur chaque plate-forme. Par exemple : le public d’iTunes est statistiquement davantage féminin, donc on va privilégier des thrillers ou des drames plutôt que des films d’action. Mais si demain le public féminin demande plus de films d’action, alors on adaptera nos propositions. »


DÉPARTEMENT RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT


 

Micho Rutare, directeur du développement

« C’est un peu moi qui manage les “créatifs“, de la session de brainstorming jusqu’à l’écriture de scénario. En général, on trouve l’idée, en accord avec les acheteurs, et avec l’aide d’un scénariste, on essaye de transformer cette idée en histoire, puis en film.

Une fois qu’on a commencé à travailler sur un scénario, mon boulot est de faire le lien entre les notes des associés et l’auteur, pour qu’il adapte son histoire.

Il m’arrive parfois aussi de scénariser directement certains films – mais tout dépend du type de projet. C’est très facile de trouver un scénariste ici, à Hollywood. Mais  trouver la personne qui convient le mieux au projet, c’est moins évident. Et surtout, on a besoin de gens capables de s’adapter et d’adapter leur scénario à tous les changements qui arrivent constamment dans une production The Asylum. On n’a pas le temps de baby-sitter les auteurs, de leur expliquer comment ça marche. C’est pour ça qu’on essaye de travailler toujours avec les mêmes personnes. Tous les jours, je reçois des centaines de propositions de scénarios. En général, je ne réponds pas à ces e-mails – c’est ce qu’on appelle le “Hollywood No !“. On reçoit beaucoup trop de propositions pour avoir seulement le temps de les lire.

Je travaille en ce moment sur 10 scénarios en écriture et 30 en projet, sans compter nos séries. La plupart du temps, tous les projets sur lesquels on travaille finissent par être réalisés. Mais il arrive qu’on rencontre un scénariste dont on aime le travail, alors on essaye de développer un projet avec lui, mais finalement ça ne donne rien. Ce n’est pas pour autant qu’on abandonne le scénario. On se le garde en réserve, car on ne sait jamais ce qui peut arriver, quels seront, demain, les besoins de la société.

Malheureusement, avec tous ces projets, je n’arrive pas à être toujours passionné par toutes les histoires qu’on essaye de raconter. Alors, le plus dur, c’est de faire semblant. De développer une histoire qui ne nous intéresse pas vraiment comme si elle nous passionnait… Et au bout du compte, on finit par la trouver passionnante, cette histoire qui d’abord ne nous branchait pas trop, mais sur laquelle on a tellement mis du sien. »


CHILL ZONE


 

Joe Roche, assistant régisseur général

« Comme son nom l’indique, la chill zone a été conçue à l’origine comme une zone de détente. Il y a des canapés, un jeu vidéo d’arcade, une machine à pop-corn… Sauf que l’année dernière, The Asylum a décidé de se lancer dans l’animation. Résultat : la salle de conférence est devenue la salle des animateurs, alors c’est maintenant dans la chill zone qu’ont lieu les réunions de production hebdomadaires. Pendant ces réunions, l’ensemble de l’équipe discute des 24 productions en cours (certaines à la fin de la postprod, d’autres en début de préproduction), de ce qui va et ne va pas, des choses à faire.

Jusqu’au mois dernier, nous avions un studio en face de la rue, où l’on tournait beaucoup de scènes d’intérieur, et de plans sur fond vert. Mais Burbank s’agrandit, et le proprio souhaite détruire le bâtiment pour en faire des appartements de standing. Du coup, les producteurs exécutifs, qui avaient des bureaux dédiés dans ce bâtiment, se sont retrouvés sans bureau fixe, et maintenant travaillent principalement dans la chill zone. Quant à moi, je m’occupe de trouver de la place pour tous les accessoires/décors/costumes qui se trouvaient dans le bâtiment d’en face. C’est pour ça que c’est un peu le bazar dans les couloirs en ce moment – en attendant qu’on trouve un nouveau studio. »