38ème Festival des 3 continents de Nantes

Abattre les murs

38ème du nom, le fameux et précieux Festival des 3 Continents de Nantes a égrainé pendant une semaine ses pépites venues d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine et noire. Plus de quatre-vingts films d’hier et d’aujourd’hui ont réjoui le public, fidèle au rendez-vous du cinéma tourné vers l’Autre. Plus que jamais salvateur.

 

Né en 1979, le festival a projeté à ce jour plus d’un millier de films, et est devenu une pépinière de talents devenus illustres, tels Souleymane Cissé, Hou Hsiao-hsien, Jia Zhang-ke, Wang Bing ou le regretté Abbas Kiarostami, salué en ouverture avec Où est la maison de mon ami ?. Il a permis la reconnaissance de cinématographies lointaines ou méconnues. L’atelier de formation à la coproduction internationale « Produire au Sud », créé en 2000, aide chaque année des projets de jeunes producteurs à se préciser, comme ce fut le cas en 2012 pour l’aventure turque Album de famille de Mehmet Can Ortoglu, présenté à la Semaine de la Critique cannoise et à Nantes cette année.

PHOTO D’OÙ EST LA MAISON DE MON AMI ? D’ABBAS KIAROSTAMI GAMINS
Où est la maison de mon ami ? de Abbas Kiarostami

 

À retenir en 2016, la forte prédominance de l’Asie, avec notamment six des neuf films de la compétition officielle. Parmi eux, la nouvelle immersion de Wang Bing, Bitter Money, fresque documentaire et puissante épopée humaine sur des ouvriers textiles de la Chine actuelle. Destruction Babies est une étonnante fable japonaise sur la violence à poings nus, signée Tetsuya Mariko, Montgolfière d’argent, et dont le premier long nourri de boxe et de manga, Yellow Kid, fut présenté à Nantes en 2010. Sortie en salles françaises espérée ! Autre portrait intense et témoignage d’une réalité sociale terrible, Old Stone de Johnny Ma, ou comment un chauffeur de taxi se débat avec la responsabilité financière d’une victime d’un accident dans le coma.

BITTER MONEY DE WANG BING 2 FILLES DANS LE TRAIN
Bitter Money de Wang Bing
DESTRUCTION BABIES DE TETSUYA MARIKO MEC EN SANG
Destruction Babies de Tetsuya Mariko

 

Des rétrospectives ont salué le travail vivace de la mémoire cambodgienne de Rithy Panh, avec douze de ses films, et ont révélé au grand public le réalisateur hongkongais Li Han-hsiang (1926-1996), contemporain de King Hu (A Touch of Zen), avec la présentation de six de ses fresques épiques, comiques ou érotiques, de Enchanting Shadow (1960) à The Emperor and the Minister (1982) en passant par Legends of Lust (1972), parmi son œuvre déterminante de plus de quatre-vingts opus. Outre une sélection d’une dizaine de productions indiennes récentes (2008-2016), dont le diptyque Gangs of Wasseypur et Psycho Raman d’Anurag Kashyap, accompagnée d’une exposition de photos, un beau travail en direction des scolaires s’est nourri de « Dansez ! Chantez ! », programmation de dix longs pour voyager avec Satyajit Ray, Youssef Chahine, Tsai Ming-liang, Fernando Trueba, Mahamat-Saleh Haroun, Johan Van der Keuken, Johnnie To, Spike Lee ou Bollywood. Enfin, une riche programmation de vingt-cinq œuvres (1953-2016) a illustré le lien intense entre l’Afrique et le Portugal, grâce à Jean Rouch, Ruy Guerra, Manoel de Oliveira, João Botelho, Pedro Costa ou Miguel Gomes.

LEGENDS OF LUST DE LI HAN-HSIANG 3 FEMMES
Legends of lust de Li Han-Hsiang

PALMARÈS


Montgolfière d’or

In the Last Days of the City de Tamer El Said (Égypte)


Montgolfière d’argent

Destruction Babies de Tetsuya Mariko (Japon)


Mention spéciale du jury

El limonero real de Gustavo Fontan (Argentine)


Prix du jury jeune

In the Last Days of the City de Tamer El Said (Égypte)


Prix Wik / Fip du public

My Fathers’ Wings de Kivanç Sezer (Turquie)

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