Affaires de familles

Retour en ce début de festival sur deux films, si différents et si semblables, qui illuminent la Compétition 2016.

Affaires de familles

Si cette année la compétition offre, comme il se doit, son lot de réjouissances et de déceptions (chacun pourra placer ici les siennes), elle propose également un rapprochement qui peut sembler, au premier abord, inattendu. Et celui-ci se joue entre Sieranevada, de Cristi Puiu, et Toni Erdmann, de Maren Ade, qui se trouvent être (pour l’instant) les plus stimulants de la sélection. Proches par leur durée, près de trois heures, les deux films diffèrent grandement dans leur forme. Là où Puiu dirige avec brio un véritable ballet familial en plans séquences autour des obsèques du patriarche, Ade joue d’une forme volontairement neutre (plans moyens presque systématiques, photo atone) pour orchestrer le rapprochement laborieux entre un père, au comique un peu lourdaud, et sa fille, consultante bien trop sérieuse, qui semble avoir peu d’affinités avec lui. Accrochés l’un et l’autre à leur dispositif exigeants – des panoramiques pour filmer la circulation des êtres chez Puiu et une répétition, peu ou prou, de la même scène gaguesque chez Ade – les deux films ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’ils s’en échappent. Jouant tous les deux le temps et l’épuisement du spectateur, ils parviennent in fine, et de façon très différente, à bouleverser en faisant ressortir la fragilité et la vérité de leurs personnages principaux. Œuvres humanistes mais aussi véritables propositions de cinéma, ils donnent espoir en un art centenaire, qui peut encore aujourd’hui se renouveler brillamment.

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