Le Festival de Cannes a 70 ans

Septembre 2016

En mai 2017, le Festival de Cannes aura 70 ans et huit mois, mais ça ne l’empêchera pas de célébrer…

Eh oui, pour tous, le plus grand Festival du monde s’installe en mai sur la Croisette ; mais non ! Le premier, en 1946 eut lieu du 20 septembre au 5 octobre. Vingt et un pays (car à l’époque, point de délégué général fourbissant sa sélection) y envoient quarante-neuf longs métrages et quatre-vingt six courts, parmi lesquels La Belle et la Bête de Jean Cocteau, Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini, Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock…

Le 20 septembre, donc, s’ouvrit le premier Festival de Cannes. Ce jour là, on apprit la mort du grand Raimu, la tristesse s’invita à la fête. La cantatrice américaine Grace Moore entonna la Marseillaise, des militaires défilèrent et les stars internationales descendirent du train bleu pour quinze jours de liesse autour du cinéma, des Batailles de Fleurs, des élections de Miss Festival et des pique niques…  Au bout du compte, le jury présidé par Georges Huisman, directeur français des Beaux Arts et composé de dix-huit éminent délégués représentant chacun un pays étranger récompense quasiment tous les films : onze d’entre eux se partagent le Grand Prix (la Palme d’Or n’a pas été encore inventée), dont Le Poison de Billy Wilder, La Symphonie pastorale de Jean Delannoy et Brève Rencontre de David Lean. Michèle Morgan est la première actrice au monde à remporter le prix d’interprétation féminine (pour le film de Delannoy), tandis que Ray Milland (pour celui de Wilder) est le premier acteur du monde à remporter le prix. La presse internationale (Fipresci) distingue le film de David Lean et, en marge du festival, un refusé : Farrebique de Georges Rouquier. Jean Cocteau eut une phrase restée aussi célèbre que juste : « Le Festival est un no man’s land apolitique, un microcosme de ce que serait le monde si les hommes pouvaient prendre des contacts et parler la même langue. »