Revoir Elle et lui

Au festival Play it Again, du 13 au 19 avril

Du 13 au 19 avril, partout en France, la 2ème édition du Festival Play it Again – parrainée par Benoît Jacquot – donne à revoir des grands classiques en version restaurée et des ciné-concerts (L’Aurore de Murnau, Bucking Broadway de John Ford). Parmi les films mis à l’honneur, Joe HillL’Eau à la bouche, Au hasard Balthazar, mais aussi le magnifique Elle et lui de Leo Mc Carey dont voici le vibrant éloge.


Elle et lui

Réalisé par Leo McCarey, avec Cary Grant et Deborah Kerr (1957).

Ils sont beaux, lumineux, racés. Tous deux se rencontrent sur un bateau de plaisance qui les ramène, lui le play-boy célèbre, elle, l’ex-chanteuse de cabaret toute de sublimes toilettes vêtue, de Naples à New York. Leur première rencontre est faite d’étincelles, d’une circulation du désir, immédiat, malvenu, pour deux promis dont les fiancés attendent à quai. Le reste du chemin qui les conduit sur la côte, ils le parcourront avec sourire et légèreté. A terre, ce sera une autre histoire.

La seconde version de Elle et lui (que tourne, en couleurs et pour la Fox, Leo McCarey, dix-huit ans après sa version en noir et blanc pour la RKO avec Irene Dunne et Charles Boyer) a la grâce des films à l’harmonie constante. Parce que son casting est une évidence : Cary Grant en dandy roublard cueilli par l’amour majuscule, y est confondant d’élégance et d’émotion face à Deborah Kerr, sidérante de justesse et d’éclat. Parce qu’on croit à leur amour dès leur première rencontre, que leurs regards, leurs gestes et leurs mouvements s’articulent avec fluidité. Et quand survient le drame, jusqu’à sa résolution espérée, le récit de leur rendez-vous manqué prend des accents déchirants.

Elle et lui est l’histoire d’une rencontre au timing capricieux, l’histoire d’une promesse déjouée par le hasard, racontée sous une lumière chromée réconfortante. Sa séquence finale, parangon de suspense émotionnel, est l’une des plus belles qui soient : s’y joue le destin des amants dans un chavirant face-à-face fait de retenue, de dissimulation, avant la révélation et l’espoir retrouvé. On y pleure toutes les larmes de son corps, mais on en sort heureux. Allez savoir pourquoi.

Écoutez le texte lu par Agnès Sternjakob.

Vidéo : Fouzi Louahem – Victor Nardin