17 mai 2017. Le Festival de Cannes commence.

Cette date tardive, due aux élections présidentielles, coïncide aussi avec la formation du gouvernement du nouveau président de la République Française, Emmanuel Macron. Le premier ministre Edouard Philippe a nommé Françoise Nyssen, l’éminente directrice des Editions Actes Sud, ministre de la culture. Tous les espoirs sont permis.

Au Palais des Festivals, la Sécurité est renforcée, on passe des portiques comme dans les aéroports ; d’ailleurs, un appariteur rigolo (il y en a), me rend mes sacs en disant : «Vous êtes prête pour prendre l’avion… Ce serait quoi votre destination de rêve ?» On se laisse aller un instant à lancer des noms de villes attrayantes, mais la foule derrière s’impatiente. Retour à la planète cinéma. Montée des marches spectaculaire, robes à paillettes et froufrous, photographes en goguette, tout y est, il n’y a qu’à suivre le tapis rouge : le sens de la fête, c’est par là.

Que retiendra-t-on de la Cérémonie d’ouverture ? Que Monica Bellucci avait une robe transparente révélant légèrement l’aréole de son sein droit. Mamma Mia ! Pourtant elle a dit deux ou trois belles choses sur le cinéma, les femmes et la lumière. Et Pedro Almodovar, président du jury acclamé debout (oui, on ne dit plus «standing ovation») a promis de nous offrir «son mieux» et aussi «son pire». Que préfère-t-on chez Almodovar ? Le mélange des deux ! Le matin même l’épineux sujet Netflix a été évoqué à la Conférence de presse, et Almodovar a été très clair : il ne se voit pas donner un prix à un film qui ne sortirait pas en salle. «L’écran ne devrait pas être plus grand que la chaise sur laquelle on est assis, a-t-il déclaré. Il faut être humble et petit devant le grand écran. »

Sur la scène du grand auditorium Lumière, le jury a fière allure : Will Smith a gardé son sourire d’enfant, Agnès Jaoui semble prête à toutes les surprises, Maren Ade regarde rêveuse la foule au balcon, Gabriel Yared et Paulo Sorentino semblent étonnés d’être là, Jessica Chastain est comme un poisson dans l’eau, Park Chan-Wook a l’air d’avoir fait ça toute sa vie, Fan BingBing, fragile comme une porcelaine, rayonne d’une force intérieure. On compte beaucoup sur ces belles dames et ces beaux messieurs. Verdict le 28 mai.

La montée des marches de l’équipe du film d’Ouverture, restera, semble-t-il, marquée par la «courtitude» (Ségolène Royale sort de ce corps !) de la robe de Charlotte Gainsbourg. On est bien peu de choses. L’équipe des Fantômes d’Ismaël faisait une jolie brochette et le film, histoire de femmes et de retour, de cinéma et de création présage d’un festival hanté et amoureux. On y croit ?