Pascal Bastien

Comme neige au soleil

C’est un récit autobiographique, rétrospectif. Celui d’une trajectoire de vie au singulier, puis au pluriel, racontée en photographies noir et blanc au format carré. Avec Comme neige au soleil, Pascal Bastien (photographe pour Libération, le New York Times ou BANDE A PART) propose, à la manière d’Alain Cavalier et ses journaux intimes filmés, un montage de photographies réalisées au fil du temps. Et dans les interstices de ce quotidien retrouvé, l’une ou l’autre figures de cinéma se glissent çà et là.

Comment s’est établie cette narration en images ? 

C’est une chronique sur un an. J’ai commencé en revenant d’un voyage à Tanger au mois de juin 2012. En voyant que la narration fonctionnait, j’ai poursuivi en septembre le long chapitre de l’été. Tout au long de l’automne et de l’hiver, dans des intervalles de trois semaines environ, je prenais mes deux, quatre, six planches contact (je les développe par paires), mes notes et je construisais des séquences. Au mois de mars, j’ai montré les planches à mon éditeur qui m’a proposé d’en faire un livre. Jusqu’au mois de juin, j’ai continué ma chronique et fouillé dans mes archives pour le premier chapitre. C’est également à ce moment-là que j’ai eu l’idée des chapitres plus courts, comme les références aux photographes ou les cacas.

On retrouve dans votre récit des incursions cinématographiques. Quel est votre rapport intime au cinéma ?

Comme pour beaucoup de monde, le cinéma fait écho dans ma vie de tous les jours, des références à des films que j’aime viennent, par surprise, croiser mon quotidien et parfois même y changer ma perception d’un événement. Dans ce livre, il est aussi présent par sa forme empruntée directement au cinéma : je fais appel, par exemple, aux flashbacks, les photos se succédant comme des plans. Ma compagne est également technicienne de cinéma et professionnellement, je réalise souvent des portraits de réalisateurs et comédiens.

Que représente le format carré pour vous ?

Le format carré fige avec une grande force le sujet dans le cadre. Il n’est pas très dynamique, par rapport au format rectangulaire qui favorise le dialogue entre plusieurs éléments dans l’image. Il permet de bien montrer une seule chose, et même de l’isoler grâce à la faible profondeur de champ due au format 6×6. Dans cet ouvrage, c’est la succession de points de vue uniques qui crée la narration. De plus, il a un côté intemporel qui me plaît particulièrement.