L'interview minutée de Emmanuel Mouret

Mademoiselle de Joncquières

« C’est ça qui est intéressant dans un récit de vengeance au XVIIIe siècle, c’est que les nobles n’ont absolument rien à faire. Ce qui les guette le plus, c’est l’ennui. Ils ont tout leur temps et toute leur fortune. Nous, en général, si suite à une déception on peut avoir l’idée de se venger, l’idée tombe bien vite parce qu’il faut qu’on aille travailler, que nos moyens financiers sont limités, que l’on se dit à quoi bon et puis que notre conscience morale, quand même, nous ramène à la raison. Mais là non. La conscience morale… L’intensité amoureuse est si forte et la fortune si grande et le temps si disponible, qu’elle s’élance dans un projet que nous n’avons pas les moyens de mettre en fabrication. »

 

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.