Dans les pas de Diana

Entretien avec Naomi Watts

Elle est Diana, blondeur brushée, regard bleu penché, nuque fine et port d’aristocrate. Naomi Watts prête sa silhouette gracile et racée à la princesse de Galles, dans le film d’Oliver Hirschbiegel. Elégance et maintien, passion et tragédie d’une femme amoureuse, princesse de cœur.

Interpréter au cinéma la princesse Diana prête à controverse. Était-ce une crainte pour vous ?

Bien sûr. Je redoutais la réaction du public quant au fait que j’en sois l’interprète. Je savais qu’on allait dire que je ne lui ressemblais pas assez, que je n’étais pas assez grande, ce genre de choses. C’est particulièrement difficile de jouer quelqu’un qui a eu un tel impact et laissé un tel souvenir au public. Les souvenirs que nous avons d’elle sont encore frais et il faut respecter cela. Ça se complique davantage encore si on ajoute à cela ses deux garçons. Mais je voulais surtout lui rendre justice et raconter son histoire sans ambages.

Quels sont les risques à incarner un personnage comme celui-ci ?

D’un côté, vous jouez un personnage et il faut vous jeter à corps perdu dans son univers. Mais dans ce cas bien sûr, il faut tenir compte de la trace indélébile que Diana a laissée. C’est impossible de ne pas y penser. Par conséquent, votre jeu doit aussi répondre à toutes les attentes, celles du personnage de fiction et celles véhiculées par un “vrai” personnage, dont en réalité on ne sait que peu de choses. Par ailleurs, vous savez que tout le monde va prêter attention à votre coiffure, vos tenues vestimentaires, votre démarche, votre maintien, et vérifier si tout cela est conforme à l’original. Il faut instiller un peu de son esprit à soi dans le jeu C’est un énorme risque d’accepter ce rôle, mais Diana fait tellement partie de notre histoire à tous que j’aurais regretté de refuser. C’est un de ces défis qui font grandir les acteurs.

Comment êtes-vous passée outre les comparaisons physiques ?

Dès le début, nous savions que nous ne voulions pas l’imiter. Je suis plus petite, et mes traits ne ressemblent en rien aux siens. Il fallait alors que l’identification passe par sa voix, la façon dont elle parlait, puis les habits, les cheveux et le maquillage qui aident à construire l’illusion. Sur ces bases, on peut avancer dans le personnage, essayer de savoir qui elle était une fois les spots éteints. C’est là que se trouvent ma liberté, ma propre perception de qui elle était, et mon jeu. Ce qui importe, c’est de trouver son essence.

Quelque chose à mi-chemin entre la force et la fragilité ?

Elle était déterminée à vivre sa vie. Je pense que c’était une vraie femme forte. C’est ce que j’admire chez elle, parce que ma propre mère est forte et pleine d’allant, et je suis du coup attirée par des personnages qui savent se battre pour eux-mêmes. Diana a relevé tous les défis qui se sont trouvés sur sa route, elle voulait aussi laisser son empreinte sur le monde et ne pas laisser d’autres contrôler sa destinée. J’admire la façon dont elle s’est battue pour son bonheur.

N’est-il pas troublant de tourner des scènes aussi présentes dans la mémoire collective ?

Il s’agissait plus de se rendre compte soudainement que je jouais des situations dont j’avais des images en tête. C’est une étrange sensation de déjà-vu. Et puis on se sent un peu étrange en portant quelques-unes des tenues qui l’ont rendue iconique. C’est difficile de ne pas laisser son esprit se balader, de ne pas imaginer qu’on vit dans son monde.

Avez-vous beaucoup appris du scénario et de vos recherches préalables ?

Oui. Sa relation avec le chirurgien Hasnat Khan a été une révélation pour moi, je ne savais rien de ce chapitre de sa vie. Ça a été d’autant plus intéressant de faire des recherches sur cette période et sur ce que cette relation a pu signifier pour elle. C’est une des raisons pour lesquelles je voulais l’interpréter et explorer ce côté ignoré du grand public.

Avez-vous eu le sentiment de percer certaines de ses zones d’ombre ?

Il y aura toujours un côté mystérieux dans sa vie. Tellement de choses ont été écrites, tellement de versions contradictoires données, qu’il a fallu que je fasse confiance au scénario. Il est construit sur des éléments véridiques, bien sûr, mais l’interprétation tient surtout aux sentiments, aux émotions. On ne peut pas savoir ce qu’elle ressentait vraiment et c’est là qu’il faut se fier à son instinct et aux sentiments qu’elle inspire.

A vos yeux, qu’est-ce qui faisait d’elle une telle icône ?

Diana était une personnalité complexe et fascinante. Elle a beaucoup changé à travers les années, au fur et à mesure qu’elle se découvrait elle-même. Elle était dotée d’un magnétisme indéniable. Ce n’était pas une aura sensuelle à la Marilyn, mais quelque chose de charismatique et de gracieux. Il y avait quelque chose d’unique dans sa beauté et sa chaleur humaine. C’est pour cela que le public l’aimait si profondément. Il y a eu peu de femmes comme elle.