Voir du pays

Sexisme apparent

« Sport, relaxation et débriefing collectif » : c’est le programme qui attend Aurore et Marine (Ariane Labed et Soko, parfaites), militaires de retour de six mois de mission en Afghanistan et qui passent, avec leur section, trois jours de « sas de décompression » à Chypre dans un hôtel de luxe. Traitant la guerre comme un (très) mauvais souvenir à travers des séances de débriefing en réalité virtuelle via un casque, l’image du film, signée Jean-Louis Vialard, se concentre sur le bleu infini de l’eau des piscines au ciel, en passant par la mer. Le film est d’une grande beauté plastique, même si la mise en scène reste classique. Réalisé par Delphine et Muriel Coulin d’après le roman de la première, ce deuxième long-métrage après 17 filles, jolie surprise de leurs débuts, marque un goût pour les sujets originaux et délicats. S’attaquer à la « grande muette » n’est pas chose facile et les deux réalisatrices s’y emploient avec beaucoup d’intelligence. Car, même si l’armée s’est ouverte aux femmes (elles sont trois en tout et pour tout, cela dit !), l’esprit qui règne ici est résolument masculin, sexiste et assez glaçant. C’est ce que raconte ce beau film antimilitariste : les rêves de deux gamines de Lorient qui se sont engagées pour « voir du pays » et ont découvert plusieurs réalités confondantes. Que la guerre n’est pas un jeu vidéo, que le tourisme est une option très facultative et que la femme a encore beaucoup à lutter pour se faire respecter. Ici comme ailleurs.