Versus

Good boy, bad boy

Série B à l’ancienne camouflant un film plutôt subversif, le premier long-métrage de François Valla est une jolie surprise dans le paysage du cinéma de genre français contemporain.

À Paris, Achille, un garçon BCBG, est agressé dans un bus par des jeunes gens qui tentaient de lui voler son porte-monnaie. Hospitalisé après cette violente altercation, le lycéen passe sa convalescence dans le sud de la France, chez une cousine. Sur place, le programme est simple : la plage, les émois amoureux, la fête. Mais un élément vient tout perturber. C’est Brian, un motard balafré, qui a l’apparence d’un petit voyou.

On n’avancera pas plus dans la description de l’intrigue de Versus, car elle fait partie du charme vénéneux de cette vraie série B, en plusieurs points surprenante dans le paysage cinématographique contemporain français. D’abord parce qu’elle présente les atours modestes mais séduisants d’un thriller sexy à l’ancienne (de la violence, un peu d’érotisme, des mauvais garçons à moto…, presque le programme d’une production Roger Corman de la grande époque), ensuite parce que, sous cette apparence, se cache un film finalement assez subversif, qui nous montre que le mal n’est pas forcément là où on pense le deviner.

Pour donner chair à tout cela, devant la mise en scène en scope délicieusement eighties de François Valla (qui signe ici son premier long-métrage), trois comédiens judicieusement choisis : Lola Le Lann, convaincante en lolita faussement hésitante ; Jérémie Duvall, impeccable dans le registre de l’adolescent trouble et mutique ; mais surtout Jules Pélissier, découvert dans Simon Werner a disparu, totalement transfiguré ici. En loubard complexé, père de substitution d’une fragile famille recomposée, le jeune comédien donne vie avec une grande subtilité au personnage le plus riche, vrai supplément d’âme, de ce film néo-noir surprenant.