Downsizing

Petit grand homme

Se faire rapetisser pour accéder à une vie meilleure ? C’est l’idée géante de cette comédie de science-fiction intelligente et rigolote. Avec un Matt Damon impeccable.

Pour remédier à la surpopulation, un savant (pas si fou) trouve la solution originale : rapetisser les humains volontaires à la taille d’un doigt… Dans un nouveau monde à leur mesure, ils ont toutes les chances d’obtenir des biens jusque-là inaccessibles : une plus grande maison, un train de vie pharaonique (les portions de nourriture deviennent microscopiques, les parures de diamants sont à un prix défiant toute concurrence !). Les uns après les autres, des Américains moyens plongent dans l’univers des tout-petits. Mais est-ce suffisant pour vivre heureux ? Même à taille réduite, les inégalités sont ce qu’elles sont…

Le nouveau film d’Alexander Payne (Sideways, The Descendants, Nebraska) part d’une idée loufoque digne d’un dessin animé, et la traite avec un brin de nostalgie des fables cinématographiques signées Frank Capra ou Preston Sturges, tout en gardant le cap d’une parabole moderne. De trouvailles de scénario (on ne vous révélera pas ici pourquoi Paul Safranek se retrouve seul de l’autre côté, alors qu’il s’agissait pour lui d’un projet de vie maritale), en inventions visuelles (la réduction de masse sur des lits blancs est un moment d’anthologie), le film, coécrit avec Jim Taylor, collaborateur de longue date de Payne, surprend constamment et ouvre de nombreuses perspectives. Il change de ton à plusieurs reprises, d’une comédie de science-fiction à un feel good movie pour muter, dans sa deuxième partie, en fable sociale, puis en film de survie. Le petit homme qui cherchait le bonheur dans la possession et le farniente se met à prodiguer des soins et des nourritures aux plus nécessiteux, à la suite d’une rencontre avec une femme victime d’une « émigration/diminution » forcée et sorte de bulldozer humanitaire. Dans ce personnage étonnant, Hong Chau, jusque-là cantonnée à des séries télé (Treme, Big Little Lies) est la révélation incontestable du film. Christoph Waltz est tonitruant à souhait en voisin fêtard, et Matt Damon, prototype de l’homme sans qualité, est idéal en Paul Safranek, petit grand homme qui apprend à se dépasser. Le plaisir que procure Downsizing est largement à la hauteur de son postulat farfelu.