Anna

Bessonade

Film d’action-aventure-espionnage en anglais avec stars internationales (Cillian Murphy, Helen Mirren, Luke Evans…), Anna est une pure AOP d’EuropaCorp. Un Besson réussi, c’est-à-dire conforme au cahier des charges, dans ses qualités comme ses défauts.

Vous connaissez l’histoire par cœur : une jeune femme, jouée par une actrice correspondant parfaitement aux canons de beauté des photographies de mode (sex-symbol ou mannequin), se retrouve dans une situation aussi incroyable que délicate, dont elle se sortira avec l’appui de ses poings, de ses pieds et de diverses armes létales, tout en surprenant son partenaire masculin, plus ou moins secrètement amoureux. Après Nikita, Leeloo (du Cinquième Élément) ou encore Angel-A, please welcome Anna, dernière recrue de l’écurie Besson pour reconversion de mannequins vers le cinéma. Interprétée par la Russe Sasha Luss (Model of the Year 2013 pour Glamour Russia), dont c’est le premier rôle au cinéma après une performance en motion capture dans le Valérian du même Besson, Anna est une super espionne. Une espionne plutôt tendance James Bond que Bureau des légendes – née en Russie dans une grande pauvreté, devenue propriété du KGB (nous sommes dans les années 1990, contrairement à ce que les écrans plats, les clés USB et 85 % des éléments du décor semblent nous faire croire) et prête à tout pour retrouver sa liberté.

S’il fallait faire une analyse factuelle du film, on retiendrait des défauts nombreux : anachronismes, impressions de déjà-vu, invraisemblances scénaristiques… Mais il serait malhonnête de chercher dans un film siglé Luc Besson (car, pour ses productions comme ses réalisations, c’est davantage une marque, la promesse d’un produit conforme aux attentes, répondant à un certain cahier des charges) réalisme ou vraisemblance. Tant qu’elles ne perturbent pas la bonne compréhension du récit, ces simplifications scénaristiques et visuelles ne sont pas bien graves. Et avec Anna, on les excuse facilement. Non seulement l’histoire est limpide, mais elle n’en n’est pas moins surprenante (jouant allègrement de la bonne vieille recette flash-back/flash-forward) et mise en scène avec un sens aigu du rythme. Alors qu’Europacorp, navire amiral de Luc Besson, est en difficulté financière, ce nouveau film produit par la société fondée par le réalisateur fait honneur à sa maison, rappelant sa vieille ambition de faire en France du cinéma populaire à grand spectacle capable de rivaliser avec les productions américaines de qualité. Un pari audacieux, aux résultats parfois décevants (Valérian, Malavida…), mais qu’Anna réussit haut la main. On n’en demande pas plus.