Lincoln

Cinéaste de sa génération le plus efficace mondialement au box-office, Spielberg n’en est pas moins un auteur de films audacieux quant au choix de certains de ses sujets, comme l’attestent La Liste de Schindler, Amistad, Munich ou encore Le Cheval de guerre. Intituler son film du nom du seizième président des États-Unis et se limiter à son action politique durant le mois de janvier 1865 (Lincoln a mis tout en œuvre pour faire voter par la Chambre des représentants le treizième amendement de la Constitution américaine abolissant l’esclavage et toute forme de servitude) représentait un risque financier considérable, compte tenu de la désaffection du public pour tout sujet à caractère historique. Quel que soit le résultat économique du film, celui-ci demeurera l’une des plus grandes réussites du genre. En effet, la précision juridique et dialectique du scénario, le travail effectué sur le décor et les costumes, la réalisation sobre et fonctionnelle à souhait, le rythme très soutenu du montage et surtout l’interprétation une nouvelle fois exceptionnelle de Daniel Day-Lewis, véritable réincarnation du personnage (qui supplante celle de Henry Fonda dans Vers sa destinée de John Ford), font du 28e film de Spielberg, produit pour le grand écran, l’une de ses meilleures et plus courageuses prestations.