L’Effet aquatique

L’amour au bord de l’eau

C’est une comédie poético-romantique qui nous entraîne de Montreuil vers l’Islande, portée par une belle énergie vitale et un amour très fort pour ses personnages. Le réjouissant L’Effet aquatique, découvert à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes cette année, est le dernier film de la réalisatrice Sólveig Anspach, décédée en août 2015.

Ça commence comme un coup de poing : Agathe, maître-nageuse à Montreuil (Florence Loiret-Caille, énergique et précise) renvoie paître un homme hardi au zinc d’un bistrot. Samir, grutier de profession (Samir Guesmi), assiste à la scène musclée et tombe amoureux d’elle au premier regard. Pour l’approcher, il décide de jouer les novices en matière de natation et de prendre des cours avec elle. Quand Agathe part à un congrès en Islande, Samir, prêt à tout, prend l’avion et la suit.

L’Effet aquatique est donc l’histoire d’une filature amoureuse. Un homme épris s’accorde un mensonge et se retrouve embarqué dans une valse sentimentale dont il ne contrôlera pas la cadence. Pour incarner cette histoire, il fallait le corps dégingandé et le beau regard candide de Samir Guesmi (habitué des films de Bruno Podalydès, notamment, mais aussi croisé dans Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin ou Camille redouble de Noémie Lvovsky). Il y a dans son visage l’expression même de la bonté, à la manière d’un James Stewart contemporain, une forme d’innocence qui le rend hors d’âge et hors du temps. Face à lui, la trop rare Florence Loiret-Caille (familière des univers de Claire Denis, Jérôme Bonnell ou Sólveig Anspach) lui tient tête avec un aplomb de femme à qui le mensonge fait horreur. Leur face-à-face a quelque chose de profondément comique, comme une danse animale aux accents saccadés et burlesques. Elle parle vite, fusille du regard ; lui, prend les coups avec décalage.

Il y a ainsi un tempo cadencé, entre le vif et le suspendu, qui parcourt ce film aquatique aux couleurs chaleureuses et à la fantaisie délicate et touchante. On sourit et rit souvent (la phénoménale Olivia Côte y fait un numéro mémorable en bord de piscine), séduits par la sincérité des dialogues et la cocasserie des situations. L’Effet aquatique fait ainsi suite à deux autres films de Sólveig Anspach : le loufoque et plaisant Back soon (2007), dont l’action se situait aussi en Islande, et le fragile Queen of Montreuil (2011), où l’on trouvait déjà Samir Guesmi et Florence Loiret-Caille. L’écriture de Sólveig Anspach et de son coscénariste Jean-Luc Gaget laisse transparaître leur affection pour ce très joli duo d’acteurs. Il faut se laisser porter par leur jeu de chat et de souris, ainsi que par les ondes bleues qui traversent ce joli film amoureux.