Zootopie, oh oui !

Le nouveau film des studios Disney marque la réussite de la greffe « Pixar/Lasseter » dans la firme de l’oncle Walt. Résolument moderne, Zootopie dépoussière le genre pour le plus grand bonheur des petits et des grands.

Judy a toujours été surprotégée par ses parents, qui rêvent de la voir reprendre l’exploitation familiale. Las, la demoiselle ne rêve que d’une carrière dans la police qui pourrait lui permettre de défendre les plus faibles et de changer le monde. Et de surcroît, elle voudrait exercer… dans la capitale. La ville de tous les dangers aux yeux de ses parents, résolument campagnards.

Précisons que Judy est une lapine, ses parents des lapins, leur exploitation familiale une plantation de carottes. Pour laquelle il y a 275 repreneurs potentiels : les frères et sœurs de Judy. Et Zootopie est une ville dans laquelle vivent en parfaite harmonie les grands et petits animaux, les prédateurs et les proies. Une ville dans laquelle Judy, devenue policière, va tomber sur un problème de taille : le retour à l’état sauvage des prédateurs.

Zootopie est donc un retour des studios Disney à l’une de leurs spécialités : les films où les animaux sont vêtus et parlent, animés de sentiments humains. Un genre qu’ils n’avaient pas repris depuis un bail, du moins complètement, et un genre qu’on était curieux de voir reparaître sur les grands écrans. Première remarque : il était temps… On avait hâte de voir si un film de ce genre pouvait passer le cap du XXIe siècle. La réponse est : avec bonheur !

Pour fêter les dix ans de John Lasseter à la tête de la firme de l’oncle Walt, on ne pouvait rêver meilleur cadeau que ce Zootopie. L’homme aux improbables chemises hawaïennes avait promis de redonner aux réalisateurs leur place de créatifs dans les studios. Après l’excellent Vice-Versa, ce Zootopie, porté par deux jeunes poulains Disney, prouve que sa stratégie était viable.
Il y a là du cinéma, de la culture (le film cite sans vergogne ses prédécesseurs, et même une reine « libérée délivrée »), et de l’envie de partage.

Rythmé, efficace et extrêmement drôle, le film permet à ses réalisateurs (dont l’un a signé le très réussi Raiponce) de continuer la modernisation des films signés Disney. La jeune héroïne n’a ainsi pas besoin d’un chevalier blanc, elle ne trouvera d’ailleurs qu’un renard un rien roublard, et elle finira par réaliser ses rêves à force d’opiniâtreté (non, ce n’est pas un spoiler, nous restons chez Disney, à quoi vous attendiez-vous ?).

Bien sûr, Zootopie utilise tous les clichés propres aux animaux, proies fragiles et prédateurs impressionnants, paresseux fonctionnaires à la lenteur impossible… Pour mieux les retourner et, bien évidemment, mieux résonner encore dans notre société actuelle. Une minorité de « sauvages » qui mettraient en péril toute une société ? Une manipulation politique en prime ? Une fille jugée trop frêle pour faire un métier d’hommes (de vrais !) ? Cela vous rappelle quelque chose ? Voilà des thèmes certes « classiques » mais qui sont surtout remarquablement traités par Zootopie, au passage et sans s’y attarder. Avec délicatesse et humour, toutes les questions sont posées, mais les réalisateurs s’abstiendront, bien entendu, d’y répondre et là encore, cette modernité est bien agréable.

Que les puristes se rassurent, ils ne seront pas perdus devant la nouvelle livraison de chez Disney… Mais la greffe « Pixar-Lasseter » a cette fois bien pris et la modernité jouxte les éclats de rire qui fusent devant le film, tout comme les moments où les gorges se serrent. Comme au « bon vieux temps », les petits et les grands vont se retrouver avec plaisir devant Zootopie et rien ne pouvait nous réjouir davantage.