Toril

L’été meurtrier

La tauromachie semble inspirer les auteurs de polars français contemporains. Il y a à peine deux ans, Fred Cavayé plaçait la scène clé de son Mea Culpa lors d’une séance de corrida. Ici, le toril, compartiment de l’arène où est enfermé le taureau, abrite un moment choc du premier film de Laurent Teyssier. Au-delà de cette accointance, le cinéaste développe son propre univers dans une œuvre où thriller et réflexion sociale font bon ménage. On y suit Philippe, petit producteur et vendeur de marijuana dans le sud de la France, dont la vie bascule quand son père, Jean-Jacques, agriculteur endetté, tente de se suicider. Ces prémices ouvrent le cadre dans lequel  le réalisateur circonscrit son polar, celui d’un milieu agricole sinistré, poussant ses membres et leurs proches aux dernières extrémités. Mais pour Laurent Teyssier, cet arrière-plan social est le socle d’un vrai film de genre, à la mise en scène aussi sobre qu’épurée. Paysages arides, soleil écrasant, Scope westernien en diable, sécheresse des scènes de violence : Toril acclimate le meilleur des classiques du cinéma populaire. Et si l’on peut reprocher au film une conclusion un peu précipitée, on admire sa distribution, menée par Vincent Rottiers,  parfait en antihéros mutique et déterminé.