Spartacus & Cassandra

Aventure atypique que celle de ce premier long-métrage, découvert dans la programmation du cinéma indépendant de l’Acid au dernier festival de Cannes. C’est un documentaire, qui vire au voyage initiatique et au conte. C’est le parcours de deux enfants roms, un frère et une sœur de treize et onze ans, qui débute avec leurs parents dans un campement en banlieue parisienne et se poursuit avec une jeune trapéziste qui les embarque avec elle. Spartacus & Cassandra est avant tout une plongée de l’intérieur dans un quotidien ardu, tiraillé sans cesse entre rester avec ses parents et aller vers là où la chance pourrait sourire. À un âge censé être encore tendre, mais où tout est douloureux et déchirant quand on est programmé par le monde pour rester à la rue. Quand on en a déjà vu beaucoup et qu’on a du mal à envisager du meilleur.

Formé au spectacle vivant, et au cœur de terrains roms pendant trois ans, Ioanis Nuguet ne donne aucune leçon. Il saisit simplement avec sa caméra les peurs et les aspirations contradictoires de deux gosses qui se débattent dans la marge. L’image est brute. Le fond bouleverse. Avec son titre fait de prénoms aux accents antiques et à la promesse de destins hors normes, ce voyage intrigue et touche au cœur et aux tripes. Il a fallu cinq minutes à Nuguet pour vouloir filmer Spartacus et les siens, et deux semaines pour que le tournage commence. Il suffit d’une heure vingt pour aimer ce combat rugueux et vivifiant, où le cirque et le rap frappent.