Ave, César !

Au nom du cinéma

Eddie Mannix (Josh Brolin, parfait) travaille jour et nuit pour Capitol, grand studio hollywoodien où il règle sans relâche tous les problèmes des stars : les tirant de mauvais pas et leur évitant les gros titres de la presse, les encourageant ou leur inventant des romances… Parmi ses « habitués », une naïade de ballets nautiques enceinte, un cow-boy chantant qu’il faut transformer en jeune premier de mélo, et la plus grande vedette maison, Baird Whitlock, qui vient d’être enlevé en plein milieu du tournage de son nouveau film intitulé Ave, César ! par des scénaristes communistes qui entendent bien faire entendre leur voix… Passés maîtres dans l’art du clin d’œil, les frères Coen livrent ici un chant d’amour au Hollywood des années 1950. Et vive la mise en abyme ! Tous les genres de l’Âge d’Or y passent, du musical en claquettes façon Un jour à New York (scène génialissime, magnifiquement mise en scène et montée) au péplum édifiant genre Ben-Hur, en passant par un ballet aquatique digne des plus grands moments d’Esther Williams. C’est brillant, élégant, drôle ; lumière (Roger Deakins), décors (Cara Brower, Dawn Swiderski, Nancy Haigh) et costumes (Mary Zophres) sont extraordinaires. Les acteurs s’en donnent à cœur joie et nous aussi. Le plaisir s’évanouit à la sortie de la projection, c’est une bulle, un rêve factice et éphémère pour dire le vrai et le faux, le culturel sous le mercantile, le laid sous le beau. Ce n’est que ça, Ave, César !, mais c’est déjà ça…