Anina

Un ravissement permanent

Le nom d’Anina Yanay Salas est un triple palindrome : il peut se lire à l’envers comme à l’endroit. Ce qui est très joli et porte chance, selon son père. Mais la petite fille ne l’entend pas de cette oreille, car dans la cour de récréation, tous les enfants se moquent d’elle et l’appellent « tête-à-queue » (traduit par « palimbête » dans la VF). S’étant battues, Anina et son ennemie Gisèle se voient remettre par la directrice, en guise de punition, une enveloppe scellée qu’elles doivent garder une semaine sans l’ouvrir…

Ce premier long-métrage d’animation, coproduit par l’Uruguay et la Colombie, est une belle réussite, à mille lieues des films parfois trop lisses et formatés. Le trait doux et anguleux, les couleurs contrastées, le ton juste des dialogues sont un ravissement permanent. Le monde de l’enfance, avec ses joies et ses peines, ses cruautés et ses émerveillements, est ici restitué avec délicatesse et poésie. Les différentes visions de l’éducation (nécessairement répressive, selon certains, destinée à faire réfléchir et avancer, selon d’autres) sont exposées mine de rien, donnant aussi quelques pistes sur la société uruguayenne contemporaine. Le chemin parcouru par l’héroïne est une leçon de vie exemplaire, mais jamais mièvre, qui devrait enchanter les petits et les grands.