Brazil

Parce que demain était un autre jour...

QUEL FILM ME REND HEUREUX ?

Brazil ! Il y en a bien d’autres sur la liste, les Lynch, Almodovar, Greenaway et j’en passe… Mais ce n’est pas forcément les films les plus réjouissants. Pourtant, à mon avis, ce qui nous rend heureux au cinéma, ce n’est pas tant la joie que l’émotion pure que nous procure un film. Du rire aux larmes, ce qui me porte au nirvana, c’est l’intensité d’une œuvre, ce sentiment que quelque chose a fait écho en moi, ce « Quelqu’un a-t-il vu Sam Lowry ? » dont je garde la trace comme le souvenir d’un rêve récurrent. D’ailleurs, si l’on y regarde bien, Brazil passe allègrement du lyrisme au cauchemar. Avec ce leitmotiv entêtant qui donne au film son rythme de carnaval fellinien et tranche avec cet univers de nouvel ordre mondial. Il faut aussi remettre le film dans le contexte des années quatre-vingt. Sorti un an après 1984 de Michael Radford, l’adaptation ratée du roman de George Orwell, Brazil a sans doute été le premier film du genre à marquer son époque. Les premiers ordinateurs n’avaient pas encore envahi les foyers, on n’imaginait même pas avoir un téléphone dans sa poche ou poster des selfies sur la toile. Mais on commençait à entrevoir le bug de l’an 2000 et, dans nos fantasmes d’adolescents, on imaginait un futur meilleur, où la fiction ne rejoindrait pas la réalité. Déjà, Brazil évoquait les travers de nos sociétés, le fichage des personnes, la traçabilité des moyens de communication, mais aussi les mouvements contestataires et les intégrismes… Tout ça traité avec le sens de l’absurde et la drôlerie unique des Monty Python. Au-delà de la truculence des personnages et des situations cocasses, comme cette mère abusive et frivole, qui se fait tirer la peau par son chirurgien esthétique avec un instrument de torture, rappelant Malcolm McDowell dans Orange mécanique… Brazil est truffé de trouvailles, avec un scénario basé sur la science du hasard, la sérendipité et la dystopie. Dans beaucoup d’autres films, et jusque récemment, je crois bien que j’ai aperçu Sam Lowry et ça m’a fait du bien.

PAS VOUS ?

Par Pascal Villa