Aubagne 2019 : la playlist idéale #1

Trevor Jones

Le tourbillon de la vie au territoire de Pagnol : autour du 20e festival d’Aubagne, cinéma et musique.

David Raskin, Bernard Herrmann, George Delerue, Michel Legrand, John Williams, Nino Rota, des noms qui font rêver, à la mesure de certaines de leurs compositions musicales devenues légendaires. Pour fêter ses 20 printemps cette année, le Festival International du Film d’Aubagne (le FIFA, consacré au mariage de la musique et du cinéma) a offert au public, dans un geste aussi élégant que généreux, un concert à cordes exceptionnel et évoqué une large partie de l’histoire de la composition pour écran, au travers de joyaux du répertoire : Smile, Laura, Camille… Puis, dans une seconde partie ragaillardie et tournée vers l’avenir, l’orchestre s’est lancé dans l’exécution d’une succession de morceaux courts, spécialement écrits pour l’occasion par l’ensemble des compositeurs (*) ayant dirigé les douze master class d’étudiants du FIFA depuis 2008. La ferveur était ainsi palpable dans le public, les applaudissements et les éclats de sympathie nourris, affirmant la répétition d’un miracle annuel sur le territoire de Pagnol : la renaissance d’un monde quasi anachronique pendant une semaine, un microcosme aux oreilles tendues et aux yeux grands ouverts, où l’écoute est le cœur de toute pulsation, où le chassé-croisé des générations est source de transmission, telle une magistrale leçon dans le tourbillon de la vie. Au-delà de la compétition de films (avec 10 longs-métrages et plus de 70 courts) et par-delà la ribambelle de prix qui auront illustré le palmarès 2019, le festival d’Aubagne est apparu une fois encore comme une zone unique de rencontres et de partage, un havre de paix artistique et musical pour s’entendre.

L’occasion était belle de s’approcher des compositeurs, leur voler quelques mots et quelques notes de leurs playlists idéales.

(*) Raphaël Imbert, Cyrille Aufort, Charles Papasoff, Pierre Adenot, Bruno Coulais, Gilles Alonzo, Selma Mutal, Jérôme Lemonnier, Jean-Michel Bernard, Marc Marder, Stephan Oliva et Stephen Warbeck

Aubagne 2019

Cette semaine : la playlist, quelques notes & mots de Trevor Jones

C’est John Boorman qui permit à Trevor Jones de composer sa première musique de film (Excalibur en 1981), avant d’enchaîner avec des partitions de films cultes tels Dark Crystal et Labyrinthe de Jim Henson, Le Dernier des Mohicans de Michael Mann, ou encore Cliffhanger de Renny Harlin. Il collabora deux fois avec Alan Parker pour Angel Heart et Mississippi Burning, pour lequel il obtint une nomination pour la Meilleure musique aux BAFTA Awards.

 

Magazine de cinéma - Aubagne 2019 - Trevor Jones


Une scène mélancolique


Une scène enjouée


Une scène effrayante


Une scène d’amour


Une scène héroïque

La composition en quelques mots

Vous avez une longue carrière de compositeur, quel est votre regard sur ce métier si particulier, et que voudriez-vous transmettre à la jeune génération ?

La musique de film est vraiment un art jeune, âgé d’une centaine d’années seulement. Par conséquent, j’étais très heureux de pouvoir en faire. Pour moi, c’était la possibilité d’écrire dans toutes sortes de styles différents, en m’adaptant à l’évolution du cinéma. Auparavant, mes quatre années de travail à la Royal Academy of Music de Londres ont consisté à orchestrer et à diriger des orchestres de musique classique. Puis j’ai travaillé les quatre années suivantes pour la BBC. Là, j’avais accès à deux millions de disques. Mon job était d’écrire des critiques sur les sorties d’albums, d’analyser les interprétations, les qualités techniques de l’enregistrement, la performance artistique, etc. Enfin, je suis retourné à l’Université en touchant à d’autres sortes de musique : le jazz, le folk, le rock, la world music, etc. J’ai de plus en plus gagné en confiance, dans la mesure où j’étais capable de m’occuper de musiques de films et de gérer les commandes de compositions provenant d’Hollywood. Cette confiance, on ne peut la gagner que par le biais de la connaissance. Je dis aussi cela parce que dans ma jeunesse, quand j’étais à l’école en Afrique du Sud dans le cadre d’un régime très oppressif, la seule chose que nous avions, c’était le savoir, la connaissance, comme un pouvoir. C’était ce que nous enseignaient nos professeurs. Davantage que de combattre avec une arme, on pouvait le faire avec ce que l’on savait et ce malgré ses complexes, malgré sa couleur de peau par exemple. Je pense que la vérité en toute chose se trouve là.