Aubagne 2019 : la playlist idéale #3

Bruno Coulais et Tomm Moore

Le tourbillon de la vie au territoire de Pagnol : autour du 20e festival d’Aubagne, cinéma et musique.

Cette semaine : la playlist, quelques notes et mots de Bruno Coulais et Tomm Moore

 

Invité du festival d’Aubagne, Tomm Moore est, à 42 ans, l’un des réalisateurs de films d’animation les plus talentueux du monde. Il réalise Brendan et le secret de Kells en 2009 et reçoit d’emblée le Prix du public au festival d’Annecy, tandis qu’il est nommé aux Oscars. Rebelote en 2014, il signe Le Chant de la mer, qui obtient l’European Film Awards et concourt une fois encore aux Oscars. Il produit en 2017 Parvana, une enfance en Afghanistan, Prix du public, Prix du jury et Prix de la meilleure musique originale à Annecy. Actuellement, il travaille sur son troisième long-métrage, Wolfwalkers, une histoire de superstition et de magie, qui se situe, comme toujours, en Irlande. L’ultra-renommé Bruno Coulais (Microcosmos, Le Peuple de l’herbe, Les Rivières pourpres, Les Choristes) est son compositeur attitré depuis son premier film. BANDE À PART s’est amusé à demander leurs playlists au duo, un duo qui s’est avéré être un trio, puisque le musicien Colm Ó Snodaigh (du groupe irlandais KILA, qui a participé à l’instrumentation et la composition musicale de chaque film) les accompagnait.

 

TOMM MOORE

 

Magazine de cinéma - Aubagne 2019 - Tomm Moore

Tomm Moore (à gauche) et Colm Ó Snodaigh (à droite)


Une scène enjouée


Une scène héroïque

 

Colm Ó Snodaigh

 

Une scène mélancolique

 

Bruno Coulais

 

Magazine de cinéma - Aubagne 2019 - Bruno Coulais


Une scène mélancolique


Une scène enjouée


Une scène effrayante

La composition en quelques mots

Bruno Coulais : C’est la troisième fois que je collabore avec Tomm Moore et je l’admire beaucoup. Je l’ai rencontré grâce à Didier Brunner, quand il a produit Brendan et le secret de Kells (2009) de Tomm. Didier avait pensé à moi, car j’avais fait la musique d’un film d’animation danois, L’Enfant qui voulait être un ours de Jannick Astrup (2002). Colm (Ó Snodaigh du groupe irlandais KILA) fait partie du groupe traditionnel avec lequel je fais la musique des films de Tomm.

Comment réagissez-vous au sentiment qu’évoque Jean-Paul Rappeneau lorsqu’il dit que le seul moment où le réalisateur semble dépossédé de son film, c’est lorsqu’il laisse «  les clés de la maison  » au compositeur de la musique du film ?

Tomm Moore : Oui, j’ai appris ça la première fois que nous avons collaboré, parce que, auparavant, je n’avais jamais travaillé avec un «  vrai  » compositeur. En réalité, c’est vraiment une belle manière de redécouvrir le film, car je ne savais pas à l’avance ce que Bruno pourrait apporter. Je me rappelle avoir eu des difficultés au départ, parce que c’était nouveau pour moi. Alors j’ai continué à donner de plus en plus d’informations et de retours à Bruno jusqu’à ce que je comprenne que finalement, c’était simple : Bruno propose quelque chose, c’est sa contribution qui a sa propre valeur, on la prend et on l’incorpore pour chaque scène.

 

Bruno, vous dites que la première fois que vous voyez un film, vous le regardez entièrement, puis vous vous en distancez : vous laissez fonctionner ce que vous appelez la «  mémoire émotionnelle  ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Bruno Coulais : Quand j’ai commencé, on n’avait rien du tout, même pas de VHS, pour nous permettre de visionner plusieurs fois les films. Je notais par conséquent dans la salle de montage les emplacements des musiques et après, c’était ma mémoire du film qui me permettait de travailler. J’ai gardé cette méthode, car c’est important de rêver avec la mémoire du film. Si vous composez de la musique avec le film en face de vous, vous n’avez pas la bonne distance. Je regarde donc le film plusieurs fois, puis, scène par scène, j’écris la musique. Enfin, je la confronte avec l’image pour vérifier comment fonctionne l’ensemble.

 

Était-ce important pour vous de composer dans une «  veine irlandaise  », spécialement  pour les films de Tomm Moore ? Comment avez-vous procédé ?

Bruno Coulais : C’était merveilleux de travailler avec le groupe irlandais KILA, car ils sont très talentueux. Ils ne lisent pas la musique, mais ce sont de très bons musiciens. C’était très naturel de travailler avec eux pendant deux jours sur Brendam. La seule chose que je regrette, c’est que ces instants sont trop courts ! Ils composent, eux aussi. C’est comme une famille. La musique respire autrement. J’adore la musique irlandaise. Ce fut un mélange de KYLA et de ma musique, comme un monstre merveilleux.

Tomm Moore : Et nous avons continué à le faire sur Le Chant de la mer. Et nous le ferons encore pour le prochain film qui est en cours !