Mostra de Venise #1

Le Lido en mode cinéma

Tandis qu’ à Gaza comme en Ukraine, violences et guerres ne connaissent aucune trêve, à Venise la 82e Biennale cinéma déploie son tapis rouge ce mercredi. Le 7e Art peut-il panser quelques plaies à défaut de sauver le monde ? Vaste question : vous avez 4 heures…

Au pays de Federico Fellini et Nanni Moretti, les professionnels de la profession du monde entier se donnent rendez-vous en septembre au Lido de Venise. Prendre le vaporetto jusqu’à cette bande de terre face à la Cité des Doges, est déjà, en soi, un voyage de cinéma. Entre deux embouteillages hilarants de gondoles, les façades colorées et chantournées, nous font rêver aux scènes se déroulant dans les Palazzi de Guêpier pour trois abeilles, à Senso en passant par Les Ailes de la colombe. L’évocation des ruelles et des ponts induit Tout le monde dit I Love You ou Ne vous retournez pas. Et, bien sûr, on croit entendre Silvana Mangano appeler « Tadzio ! » comme dans Mort à Venise dès qu’on aperçoit un bout de plage arrivés à destination. Ça commence bien !

Après les Festivals de Berlin et Cannes, c’est le troisième moment fort de l’année cinématographique en terme de chronologie, le deuxième en terme de notoriété, Cannes étant le tenant du titre. Contrairement à sa petite sœur du sud de la France, qui l’a dépassée en taille mais, née en second, affiche 78 édition, le 82e raout sur la lagune accepte en compétition les films Netflix : on se souvient du Lion d’Or attribué à Roma d’Alfonso Cuaron en 2018 et du Lion d’argent trois ans plus tard à Jane Campion pour The Power of the Dog qui, donc, n’ont pas été distribué en salle en France… Cette année, Kathryn Bigelow avec A House of Dynamite, Guillermo del Toro et son Frankenstein, Noah Baumbach avec Jay Kelly soit trois metteurs en scènes très attendus, sont ainsi en lice pour la récompense suprême. La compétition propose vingt et un films, où l’on repère, donc, une forte présence américaine, avec aussi Jim Jarmusch (Father Mother Sister Brother) et Benny Safdie (The Smashing Machine), y compris dans les castings de coproductions britanniques ou autres. Rayon cocorico, la France ne devrait pas démériter avec les François Ozon (L’Étranger avec Benjamin Voisin et Rebecca Marder), Olivier Assayas (Le Mage du Kremlin avec Paul Dano) et Valérie Donzelli (À pied d’œuvre avec Bastien Bouillon et Virginie Ledoyen), soit trois adaptations littéraires, respectivement d’Albert Camus, Giuliano da Empoli et Franck Courtès. De forts espoirs sont nourris (en tout cas chez moi !) envers The Testament of Ann Lee de Mona Fastvold, No Other Choice, la nouvelle proposition du coréen Park Chan-wook (Mademoiselle, Decision to Leave) et Nühai, première réalisation de l’actrice taïwanaise Chu Qi.
Sachant que les sections parallèles Orizonti, Semaine de la Critique et Venezia Spolight complètent le panorama, les dix jours qui viennent vont être remplis d’images. Et de promesses… tenues ou pas…
Embargos et empilages ne permettant que difficilement la quotidienneté, rendez-vous « dans ces pages » tous les deux jours pour des chroniques alertes ou persifleuses, énamourées ou emballées. Ce sera selon !

Isabelle Danel