Chloé — on l’appellera par son prénom, comme c’est le cas pour les 12 protagonistes de son film —, est le cœur d’une galaxie amoureuse allant de l’élan adolescent à la passion, en passant par l’amitié qui glisse vers plus, par les sentiments non réciproques, les relations secrètes, etc.
Quelle riche vie amoureuse ! Il y a, déjà, le plaisir à partager cet appétit, cette audace. Cela se renforce avec le fascinant dispositif qui place les ex en miroir avec leur « jeune moi » : face caméra, de nos jours, elles-ils racontent (à une tierce personne) leur relation avec Chloé ; celle-ci, du temps de leur idylle, les filmait sans relâche, nous les découvrons donc également plus jeunes de 20 ou 30 ans.
Au micro de l’interview minutée, Chloé Barreau, réalisatrice de ces Fragments d’un parcours amoureux, évoque le cadre de son film, pensé pour que le spectateur ne se sente pas comme un intrus. Elle dit la beauté du temps qui passe, la bascule qu’une génération a vécu du physique au numérique — ce qui nous amène à parler technique et formats d’images. L’importance de la dimension épistolaire est abordée, ainsi que l’érotisme dégagé par ce récit collectif. Mais, bizarrerie : le système minuté s’avère regrettablement hétéronormé !
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.