Festival Play it Again 2022

Un festival de films d’hier et d’aujourd’hui sur lesquels le temps n’aura jamais d’emprise.

 

Du 14 au 27 septembre, L’ADRC (Agence pour le développement régional du cinéma) propose une programmation de «  films d’hier dans les salles d’aujourd’hui », au nombre de 300 « partout en France ». Un ensemble de films relevant de trois catégories, l’une intitulée « Ô mon classique ! », une autre « Rire ensemble ! », la troisième étant un hommage à l’un des grands « monstres sacrés » du cinéma français, de 1925 à 1975, Michel Simon.

La première propose une dizaine d’œuvres reconnues de tous, la plus ancienne remontant à 1948 (Lettre d’une inconnue de Max Ophuls), la plus récente datant de 2000 (Mulholland Drive de David Lynch). De cette sélection nous retenons deux titres, qui nous ont toujours fait vibrer, à savoir Le Messager de Joseph Losey (1971), dans lequel brillaient un très surprenant montage de séquences au présent, une sensualité envoûtante de certaines situations, soutenue par la beauté à l’incandescence retenue de Julie Christie et, bien sûr, la maestria narrative de Harold Pinter (d’après le roman de Leslie Pole Hartley) et celle du réalisateur américain, victime du maccarthysme, très vite à l’aise au sein des arcanes du monde britannique. Auquel nous ajoutons la version enfin restaurée et complétée de La Maman et la Putain de Jean Eustache (1973), dont l’audace de la mise en scène minimaliste et celle des dialogues particulièrement crus, magistralement « vécus » par les trois interprètes principaux (Françoise Lebrun, Bernadette Lafont et Jean-Pierre Léaud), ne peuvent laisser personne indifférent.

Dans la catégorie « Rire ensemble ! », nous incitons vivement les spectateurs à voir en priorité Mon oncle de Jacques Tati (1958), dont le regard autant sociologique que poétique n’a pas pris une ride, et La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau (1966), dont le scénario iconoclaste (signé Rappeneau, Alain Cavalier et Claude Sautet), qui ose traiter l’époque de l’Occupation allemande sous l’angle du vaudeville tout en respectant la réalité historique, est toujours des plus réjouissants. Quant à l’hommage à Michel Simon, aucun choix ne s’impose, car il est au sommet de son art si particulier dans les trois films sélectionnés : truculent à souhait dans L’Atalante de Jean Vigo (1934), gouailleur parisien sans pareil dans Fric-Frac de Maurice Lehmann (1939) et sarcastique au plus haut degré tout au long du film – très personnellement vengeur – de Sacha Guitry (1956), La Poison, que l’auteur avait fort justement dédicacé à l’acteur, le considérant comme le plus grand comédien de son temps. Un excellent rendez-vous cinéphile à ne pas manquer.

 

Michel Cieutat