Rush

Rush, ou l’histoire vraie de la rivalité sportive entre deux pilotes de formule 1. Si l’Autrichien Niki Lauda et l’Américain James Blunt ont effectivement été au coude-à-coude lors du championnat du monde 1976, le mythe construit par Ron Howard doit beaucoup à l’écriture de son scénariste. Débuter le film par la tragédie du 1er août 1976 – le terrible accident du pilote autrichien sur le tracé du Nürburgring – permettait d’ailleurs de laisser immédiatement libre cours aux grands thèmes qui allaient suivre : la rédemption, la rivalité qui évolue en fraternité, le courage (celui de perdre autant que de gagner) et la détermination. Un déroulement classique, qui aurait pu confiner à l’ennui, s’il n’y avait deux éléments forts. D’abord, le talent de Ron Howard pour filmer la puissance des courses automobiles des années 1970. Caméra embarquée, ralentis spectaculaires, sons tonitruants et images saturées de détails. Ensuite, le réalisateur n’oublie pas de donner à ses personnages et son sujet une véritable épaisseur, insistant sur le lien qui unit les deux héros, et surtout leurs relations aux autres, leur façon d’envisager un sport au succès grandissant, mais dont les normes de sécurité sont encore quasi inexistantes. L’approche saisit l’esprit libertaire – et suicidaire – de la F1 d’alors, ainsi que les motivations et les manœuvres d’écuries déjà rompues à l’art de lâcher les pilotes. Derrière cet amas d’effets visuels (le film sort également en 3D) et sonores plutôt agréables, Rush est un témoignage subtil de l’époque, servi par deux comédiens à l’indéniable talent.

Par Jean-Nicolas Berniche