La Reine des neiges

Soyons honnêtes, voilà longtemps qu’un Disney ne nous avait pas enchantés. Des Mondes de Ralph à Volt, les dernières productions des studios, récemment sous la coupe de John Lasseter, nous avaient laissés perplexes. Celles des studios Pixar aussi. Comme si l’un et l’autre se cherchaient depuis leur récent mariage. Exception faite d’un bondissant Raiponce, on n’avait retrouvé nulle part le plaisir des grands jours des studios, celui des princesses, des monstres et des grands méchants. Le temps des lamentations est révolu. Du moins si cette Reine des Glaces est un indice fiable de ce que nous réserve l’avenir dans la firme de l’oncle Walt. Deux sœurs, un don de la nature, des princes et des félons. Le cocktail de ce Frozen (on préfére le titre origi­nel, qui souligne mieux la distance du film avec le conte d’Andersen) est explosif. Il est aussi particulièrement propice aux rebondissements multiples. Et si les petits s’émerveilleront devant les aventures des princesses et de leurs « aides de camp », les grands apprécieront les intrigues plus fines, les personnages secondaires et les sous-entendus qui foisonnent dans cette histoire. On aime, en particulier, le fait que ce Frozen soit le premier manifeste ouvertement féministe de Disney, avec princes et sauveurs inutiles ou même (crise de lèse-majesté bien sûr) pas très nets. Les filles tiennent les rennes dans cette histoire (enfin !), inscrite au coeur d’un décor raffiné et grandiose, et mise en scène avec fluidité. Du château sur le Fjord aux pentes enneigées de la montagne, on se laisse porter, enchantés.